Violemment démantelé le 8 novembre 2010 : Gdeim Izik, un autre épisode de la barbarie marocaine au Sahara Occidental
L’Histoire retiendra, quoi que fassent les marocains, qu’un certain 8 novembre 2010, c’était un véritable génocide qui a été tenté contre les populations sahraouies lors du démantèlement d’un camp de toile non loin de la capitale el Ayoun occupée.
Gdeim Izik, un autre combat vient s’ajouter à une liste déjà longue d’un peuple qui a su, à travers les temps à ne jamais abdiquer devant un colonialiste, qu’elle que soit sa couleur ou sa nationalité.
À la mi-octobre 2010, cela faisait déjà quelques mois que l’idée germait dans l’esprit d’activistes du Sahara occidental, territoire occupé par le Maroc depuis quarante ans : dresser un campement de tentes traditionnelles (les khaimas) à l’extérieur de la ville d’El Ayoun la capitale pour rassembler des milliers de Sahraouis et dénoncer la discrimination économique, sociale et politique dont souffre cette population. Après quelques tentatives avortées, le 10 octobre, une cinquantaine de tentes est montée à Gdeim Izik, à 12 km de la capitale. Le mouvement s’amplifie très vite.
En l’absence d’observateurs internationaux (les journalistes étrangers, mais pas français, réussissant à aller sur place seront extrêmement rares), la situation à Gdeim Izik va dégénérer.
Le 24 octobre 2010, un Sahraoui de 14 ans est tué par les forces marocaines à l’entrée du camp.
« Des membres des forces auxiliaires et de la police marocaines ont dispersé les manifestants par la force, à l’aide de gaz lacrymogènes, de canons à eau, de bâtons et de haut-parleurs montés sur des véhicules et des hélicoptères, et ont détruit le camp » avait expliqué Ban Ki moon, alors, Secrétaire général des Nations unies.
Ce jour là, quelques heures seulement après le discours de Mohamed VI, à l’occasion du 35e anniversaire de cette « marche verte » trop chère au Marocains, des populations à mains nues, composées essentiellement d’enfants, de femmes et de vieillards sont malmenées par les forces armées marocaines.
Il a été fait usage même de balles réelles tirées sur les habitants de ce camp faisant plusieurs morts, des centaines d’arrestations et de blessés, ainsi que plusieurs personnes ont été portées disparues. « Franchement moi, personnellement, il m’est trop difficile de revenir sur ce qui s’est passé ce jour là, je n’ai jamais crû qu’un humain pouvait en aucun cas faire preuve d’une telle violence envers un autre.
En un mot, c’était un génocide. Cela restera gravé dans ma mémoire tant que je serai vivante», avait témoigné Isabel Terraza, une militante espagnole que nous avons rencontrée quelques mois après dans les camps des refugiés sahraouis. « Les mots ne suffiront pas pour décrire la cruauté marocaine. Elle dépasse l’imaginable. Pour réprimer, les forces marocaines ont usé de tous les moyens. On a vu des Sahraouis brulés vifs. Sincèrement, c’était abominable. Les autorités marocaines ne pourront falsifier la réalité et nous les défions de prouver le contraire », avait-elle ajouté.
10 ans de détention arbitraire
Parmi les centaines de manifestants arrêtés, au cours des affrontements entre les populations civiles sahraouie, et les forces de répression marocaines 25 militants politiques ainsi que des défenseurs des droits sahraouis, considérés comme les meneurs du camp de protestation, sont accusés du meurtre des policiers».
Le militant Naâma Asfari est arrêté dès le 7 novembre, la veille du démantèlement, passé à tabac et mis au secret. « Vingt-deux autres prisonniers auraient été soumis pendant leur garde à vue à divers actes de torture et de traitements inhumains et dégradants, dont des violences sexuelles, des menaces, des coups répétés, des privations d’eau et nourriture, avant d’être forcés à signer des aveux sous la contrainte pour les crimes dont ils sont accusés», ont dénoncé des organisations internationales de défense des droits de l’Homme ont appelé jeudi à la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik, en détention arbitraire depuis 2010 dans les prisons marocaines, réclamant des enquêtes indépendantes sur les allégations de tortures subies.
Le Comité Contre la Torture des Nations Unies a d’ailleurs, confirmé ces violations et condamné le Maroc dans ce contexte dans l’affaire Asfari en 2016.
«Malgré la décision du Comité contre la torture des Nations Unies (CAT), les autorités marocaines ont toujours refusé de mener des enquêtes indépendantes sur ces allégations, ainsi que l’exclusion des informations obtenues en violation de la Convention Contre la Torture, comme exigé par le CAT», a-t-on relevé. De plus, les détenus ont été transférés dans des prisons en dehors du Sahara Occidental, ce qui rend difficile les visites de leurs familles et est contraire au droit international humanitaire.