Transition énergétique en Algérie : état des lieux et perspectives
Le CEREFE (Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité Energétiques) a été créé le 20 octobre 2019 et est rattaché au premier ministère. Il est chargé d’élaborer les moyens de prospective à moyen et à long terme et contribuer à la définition des grandes orientations de la politique de développement des énergies renouvelables ainsi que de l’évaluation de cette dernière.
Le premier ministre, Abdelaziz Djerad, a d’ailleurs défini les grandes lignes du programme du gouvernement concernant les énergies renouvelable qu’il dit être élaboré sur la base des 54 engagements du président de la république lors de sa campagne électorale. Il affirme, dans son mot en ouverture de l’édition 2020 du rapport du CEREFE, que la transition énergétique est placée au centre d’un triptyque du renouvellement économique basé sur la sécurité alimentaire, la transition énergétique et l’économie numérique. Il rappelle aussi que tout programme de renouvellement doit nécessairement passer par une refonte totale de la politique énergétique du pays afin de le faire sortir des fluctuations imposées par le monde extérieur lorsqu’on se base uniquement sur une ressource non renouvelable.
L’Algérie, qui dispose de ressources énergétiques renouvelables, notamment solaires, parmi les plus importantes au monde et d’une étendue territoriale appréciables, peut se tourner vers un avenir serein en matière d’énergies renouvelables mais, à condition de rompre avec ‘le cycle infernal’ de la dépendance de l’extérieur en matière de maitrise du savoir et de ses application sur le terrain. Le premier ministre déclare que le gouvernement est ‘déterminé à tout mettre en œuvre pour instaurer un modèle énergétique durable où l’efficacité serait le maitre-mot’.
La transition énergétique est aussi une condition pour la concrétisation de toutes les promesses faites aux citoyens puisqu’elle constitue aussi une des transformations structurelles qui s’imposent à l’environnement socio-économique de l’Algérie. Le gouvernement s’engage, dans ce cadre, de mobiliser tous les soutiens financiers, très rapidement, afin d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables et ‘diversifier leurs usages dans l’ensemble des secteurs d’activité’, a aussi indiqué le premier ministre.
Dans leur approche quant à l’obligation de se lancer dès à présent dans une transition énergétique salvatrice, les auteurs du rapport rappellent que toutes les projections faites à travers le monde pour l’évolution du secteur énergétique attribuent aux énergies renouvelables une place incontournable. Non seulement la raréfaction de l’énergie fossile a poussé tous les pays de la planète à se tourner vers les énergies renouvelables pour leurs projections futures même assez proches, mais il y a aussi des considérations économiques qui entrent en jeu.
Quant au rapport proprement dit, ses éditeurs, Pr Noureddine Yassaa, commissaire du CEREFE et Dr Messaoud Khelif, secrétaire général, ont entamé sa première partie en étudiant le mix énergétique dans le monde et les leçons à en tirer. Cette façon de traiter du sujet permettra à l’Algérie d’éviter le manque de discernement et de clairvoyance dans ses choix énergétiques qui pourraient l’amener à faire de mauvais choix ‘dont les effets seraient très difficiles à surmonter’. Ainsi, une étude comparative entre de grandes puissances énergétiques mondiales a fait ressortir les différentes sources d’énergie utilisées, en-dehors de l’énergie fossile et a donné comme conclusion que seules l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire peuvent concourir à une production massive d’électricité et pourraient donc constituer une alternative fiable à l’énergie fossile.
En deuxième partie, les auteurs ont dressé un historique et un état des lieux des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en Algérie. L’Algérie n’a en fait commencé à structurer les énergies renouvelables et à mettre en place les moyens de leur utilisation que durant les années quatre-vingt, après la création d’institutions spécialisée, comme le CDER (1988) et l’APRUE (1985). L’électrification de 18 villages par le biais d’énergies renouvelables et le balisage solaire au Grand-Sud ont été quelques-uns des programmes réalisés par la suite.
PNEREE
Le premier programme national dédié au développement et à la promotion des énergies renouvelables en Algérie a été adopté en 2011 par le gouvernement et avait comme objectif de porter la production d’énergie électrique d’origine renouvelable à un taux de 40% à l’horizon 2030. Mais le programme n’a été que partiellement réalisé jusqu’à maintenant puisque, sur les 110 MW prévus, seuls 36,3 MW ont été mis à disposition.
En 2015, une version actualisée du premier PNEREE a été éditée, motivée par des modifications sensibles dans le cout d’investissement et de production d’électricité à base de diverses sources renouvelables, dans le but d’adapter les choix des sources par rapport à cette donne (cout d’investissement et de production).
Programme National de Transition énergétique 2020
Par ce programme, l’Algérie voudrait s’affranchir, ‘de manière progressive de la dépendance par rapport aux ressources conventionnelles’ et se tourner vers l’utilisation d’une énergie verte et durable, disponible en abondance, comme le solaire. Le pays envisage donc d’arriver à une capacité de production de 16 000 MW à l’horizon 2035 à base d’énergie solaire photovoltaïque uniquement, dont une première tranche de 4000 MWc devrait être réalisée en 2024.
Enfin, en troisième partie, le rapport comporte une contribution à l’élaboration d’une stratégie nationale d’une transition énergétique adaptée à l’Algérie. C’est une refonte totale des politiques énergétiques menées jusqu’ici afin d’arriver à une indépendance complètes des ressources non renouvelables sujette à des fluctuations importantes imposées par le monde extérieur.
Tahar Mansour