Selon un rapport onusien : Le Maroc impliqué dans le financement du terrorisme au Sahel
La drogue (cannabis) en provenance du Maroc est une menace pour la paix et la stabilité dans la région et finance le crime organisé et le terrorisme. L’afflux de ces drogues est devenu une grave menace pour les peuples de la région, menaçant par la santé des jeunes et hypothéquant leur avenir.
Plusieurs experts, y compris ceux des Nations unies, ont souvent souligné dans des rapports publiés périodiquement que le Maroc, avec sa production annuelle de 38 000 tonnes de résine de cannabis, représente la source du mal de toute la région maghrébine. C’est dans ce pays qu’est située la plus grande surface des champs de culture de cannabis au monde, soit 47 500 hectares.
Au cours des 10 dernières années, le rapport a toujours placé le Maroc au premier rang pour la production illicite de cannabis selon le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). Le Maroc conserve, ainsi, toujours ce titre.
La sonnette d’alarme est tirée, d’autant plus que le lien entre trafic de drogue et terrorisme est souvent mis en évidence. Pendant longtemps, la région du Sahel était essentiellement concernée et affectée par le trafic et la contrebande de cannabis, principalement cultivé au Maroc.
Avec la dégradation de la situation sécuritaire dans cette région du Sahel, les narcotrafiquants utilisaient le Mali comme passage privilégiée, puisqu’il existe une connexion directe avec les groupes terroristes qui se font payer l’escorte des quantités qui y transitent actuellement, surtout avec la guerre et l’instabilité dans ce pays
Ce trafic de drogue est, par ailleurs, aggravé par les liens tissés entre les narcotrafiquants et les groupes terroristes présents au Sahel tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine, Boko Haram le Mouvement d’unité pour le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Trafics d’armes, de drogues et blanchiment d’argent sont devenus monnaie courante entre tous ces groupes. La drogue en provenance du Maroc alimente de ce fait, les groupes terroristes dans les pays du Sahel. Et l’ONU détient des preuves irréfutables.
Un rapport accablant
Dans un rapport présenté au Conseil de Sécurité le 8 juillet et publié le 7 août 2020 sur le site des Nations Unies, comme rapporté par des médias, « le groupe d’experts sur le Mali créé par le Conseil dénonce l’implication du Maroc dans le trafic de drogue au Sahel et son manque de collaboration dans la lutte contre celui-ci ».
Le rapport indique que la drogue faisant l’objet de trafic au Sahel « provient du Maroc, à la fois le cannabis cultivé au Maroc ainsi que la cocaïne importée d’Amérique Latine. Cette dernière est transportée avec les cargaisons de cannabis ».
« Le 29 avril 2020, la Haute Cour de Niamey a condamné des personnes arrêtées en avril 2018 pour leur implication dans un trafic international de drogue ; le Groupe d’experts a fourni des informations détaillées à ce sujet dans ses rapports précédents (voir S/2018/581, par. 126 à 129, S/2019/137, par. 65 à 68, et S/2019/636, par. 106 à 108). Une cargaison de 10 tonnes de haschisch avait été transportée dans des camions frigorifiques du Maroc jusqu’au Niger en passant par la Mauritanie, le Mali et le Burkina Faso.
La plus grande partie de la cargaison, environ 7 tonnes, avait été sortie d’un entrepôt à Niamey dans la nuit du 12 au 13 avril 2018 et aurait été acheminée vers la Libye. Deux mois après les arrestations, le 13 juin 2018, les autorités nigériennes ont sais 2,5 tonnes qui étaient cachées dans le même entrepôt ».
« Le flux de stupéfiants le plus régulier et le plus stable à travers le Mali reste celui de la résine de cannabis, ou haschich, en provenance du Maroc, qui transite par la Mauritanie et le Mali, puis par le Niger jusqu’en Libye. Mais il est également question de transport de cocaïne par les convois acheminant du haschisch, étant donné que les routes d’approvisionnement de ces deux stupéfiants convergent au Mali et prennent la même direction ».
Le Groupe d’experts constate que, bien que le Maroc offre sa « collaboration » pour lutter contre le trafic de drogue … cette « collaboration » est manifestement insuffisante et demande qu’il y en ait une réelle.
« L’implication de groupes armés dans la criminalité organisée continue d’évoluer principalement autour du convoyage de haschisch, ce qui entraîne des affrontements meurtriers pouvant constituer des violations du cessez-le-feu et menaçant l’application de l’Accord au titre duquel les parties s’engagent pourtant à lutter conjointement contre la criminalité organisée. Pour aider à juguler les flux de drogue déstabilisants, il faudrait inscrire les fournisseurs sur la liste des sanctions. Le Maroc, qui fait preuve d’une coopération active, n’a pas fourni au Groupe d’experts ou aux autorités nigériennes des informations qui auraient permis d’identifier les individus et entités qui approvisionnent en haschisch le réseau criminel de Mohamed Ben Ahmed Mahri », note-t-on de même source.