Le président du parti Sawt Echaâb, Lamine Asmani, plaide pour l’instauration d’un État de droit et d’institutions, dans le cadre d’une Algérie nouvelle. L’État de droit et d’institutions est la locomotive d’un mouvement politique pourvoyeur d’idées et de solutions politiques et économiques escomptées. L’Algérie nouvelle sera construite par de nouvelles idées politiques, économiques et sociales, dans le respect des spécificités de la société algérienne.
Le parti œuvre à être une véritable force de proposition et partage avec le peuple ses aspirations légitimes afin de gagner sa confiance et rester fidèle aux idéaux de la glorieuse Révolution de Novembre 1954.
Farid HOUALI
Lamine Osmani est le président du parti Sawt Echaab depuis son congrès constitutif le 27 avril 2019 conformément aux dispositions de la loi organique de 2012 relatives aux partis politiques. Á la tête de la formation politique, il s’est engagé à édifier « un parti qui s’érigera en force de proposition en vue de partager avec le peuple ses ambitions et ses aspirations, regagner sa confiance et préserver le serment des Chouhada ».
Pour voir « enfin » ce jour arriver, Lamine Osmani, les militants et les cadres du parti, ont dû attendre de longues années. « L’idée de la création du parti remonte à huit ans », explique-t-il en effet dans un entretien à El-Djazaïr.com rappelant que le dépôt du dossier administratif pour l’obtention de l’agrément auprès des services concernés du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, s’était effectué cinq auparavant. « Patients, nous avons toujours gardé espoir d’activer légalement », ajoute-t-il. Sawt Echaab est ainsi le premier parti politique à être agrée dans la foulée du Hirak du 22 février de l’année écoulée.
« Actuellement, nous sommes présents pratiquement sur tout le territoire national. Comme tous les partis politiques, le nôtre est composé de toutes les couches de la société. Nos portes sont grandes ouvertes à tous et le parti compte sur la jeunesse pour fonder une véritable base politique, une vision qui se traduit par l’installation des jeunes promus des universités dans des postes de présidents des bureaux politiques à travers les wilayas », relève encore notre interlocuteur. Mais pourquoi avoir songé à créer un parti politique ?
« J’ai été moi-même cadre militant d’un parti politique et mon constat est partagé par beaucoup d’autres militants. La scène politique en Algérie est quasiment désertée par de vrais politiciens que l’on regrette », répond-t-il estimant que certaines formations politiques, qui ne sortent de leur hibernation qu’en période électorale, se sont tout le temps distinguées par des décisions occultes alors que d’autre se sont transformées en appareils politiques au service d’individus et non de la Nation. « Le multipartisme an Algérie est un échec et la protestation politique que connait notre pays depuis près d’une année, en est la résultante ».
« Nous concernant, nous n’avons pas créé une formation politique, juste pour faire de la configuration. Bien au contraire. Notre devoir et notre objectif est d’être une véritable force de proposition afin de contribuer à l’édification d’une nouvelle Algérie, une Algérie d’institutions (des vraies) et une véritable démocratie et non celle des slogans », insiste Lamine Osmani. « Nous entendons concrétiser la véritable volonté populaire à travers les cellules d’écoute créées par le parti sur des espaces numériques et interactifs avec les citoyens au niveau des 48 wilayas du pays. Le peuple algérien est conscient plus que jamais quant au choix de ses représentants dans les différentes assemblées », ajoute-t-il encore.
Pour ce faire, l’atout majeur de Sawt Echaab, « réside en la conscience, le sens de responsabilité, l’engagement et surtout la compétence de ses militants.
Aussi, Sawt Echaab reflète l’Algérie profonde dans toute sa composante. Au sein de notre parti, disons qu’on pratique la politique autrement ». D’ailleurs, révèle-t-il, « nous sommes sur un ouvrage portant sur l’Algérie future. Conçu par nos militants, cet ouvrage qui verra en principe le jour, dans les prochains six mois, est un diagnostic des manquements dans tous les secteurs en Algérie avec solutions bien entendu. C’est ce qu’on appelle un modèle algérien. Nul besoin d’importer également des solutions à nos problèmes. Les solutions que nous proposons dans cet ouvrage seront selon la spécifié de la société algérienne », dit-il plus explicite. Quant au choix de la dénomination de la formation politique, Lamine Osmani affirme que ce n’est assurément pas sur un coup de tête. « C’est longuement réfléchi et le temps a bien fini par nous donner raison puisque faire entendre la voix du peuple reste le slogan principal de la rue, le nôtre aussi. Et il n’est nullement question de s’ériger en un parti de soutien à qui conque. Le parti dispose de son propre programme politique en passe d’être peaufiné. Nous ouvrerons à le concrétiser avec l’implication de tout un chacun », soutien notre interlocuteur.
« On a pris un faux départ depuis 1962 et il est temps de tout revoir, absolument tout. La crise en Algérie est multidimensionnelle. Il faut aussi qu’on réapprenne à écouter le peuple », assure de son côté Nacer Ben Touri, chargé de l’organique au sein du parti
Lamine Osmani, président du parti Sawt Echaab
« Il temps de passer à l’acte »
Dans cet entretien, Lamine Osmani détaille les grandes lignes de son parti et analyse l’actualité natioanle.
Entretien réalisé par Farid HOUALI
El-Djazaïr.com : L’Algérie connait depuis bientôt une année, un mouvement de contestation sans précédent. Même l’élection d’un nouveau président de la République (le 12 décembre dernier) en la personne d’Abdelmadjid Tebboune n’aura rien changé à la situation politique du pays. Cela est dû à quoi selon vous ?
Lamine Osmani : Les Algériens se montrent impatients. C’est légitime mais il est nécessaire de temporiser. La première période d’évaluation intervient après 100 jours de l’investiture du président de la République. Laissons le temps faire les choses. On verra par la suite.
El-Djazaïr.com : Quelle sont selon vous, les mesures d’urgences à prendre afin notamment de rétablir la confiance entre les Algériens et l’Etat ?
Lamine Osmani : Au sein de notre parti, nous sommes pragmatiques. Sans détour aucun, je dirais qu’il est temps d’en finir avec les discours réplétifs et creux et de passer à l’acte. L’Algérien a démontré qu’il en a assez entendu dire. Il veut voir faire. Il se pose un véritable problème de gestion en Algérie. Ainsi, il est inévitablement question de changements sur tous les niveaux. Á commencer par le respect de la Loi par tous. L’Etat de droit et d’institutions est la locomotive d’un mouvement politique pourvoyeur d’idées et de solutions politiques et économiques escomptées. L’Algérie nouvelle sera construite par de nouvelles idées politiques, économiques et sociales dans le respect des spécificités de notre société. Aussi, permettre au peuple d’exercer son droit légitime à choisir ses gouvernants et à leur renouveler sa confiance en toute souveraineté, tant il est vrai que nul n’a le droit de limiter la liberté du peuple dans l’expression de sa volonté. Ce ne serait pas facile vu le mauvais cumul de toutes ces dernières années mais, nous n’avons guère le choix. Nous sommes à la croisée des chemins.
El-Djazaïr.com : Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a accordé, récemment, une entrevue à des responsables de médias nationaux publics et privés au cours de laquelle il a évoqué plusieurs questions nationales et internationales. Qu’en pensez-vous ?
Lamine Osmani : C’est un fait nouveau qu’il faut reconnaitre. En Algérie, on a tout le temps eu un problème de communication. Parfois, elle est inexistante. Je pense que c’est le début de la consécration du droit de savoir. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait déjà choisis ses canaux de communication afin d’éviter toute amalgame, sous-entendus et spéculation.
El-Djazaïr.com : Lors de cette même rencontre, le président de la République a réaffirmé son engagement à opérer une révision profonde de la Constitution d’autant que le comité d’experts chargé de l’élaboration de propositions sur cette révision a été installé dernièrement. Croyez-vous vraiment que la Constitution actuelle a montré ces limites ?
Lamine Osmani : Á Sawt Echaab, nous réaffirmons que ce n’est pas un choix politique mais une nécessité absolue exprimée à maintes fois. L’actuelle Constitution a été amendée sur mesure au point de faire de l’Algérie un royaume avec des prérogatives du président de la République qui n’en finissent pas. Seulement, après sa révision, il est judicieux de se poser la question de l’application de ses articles sur le terrain. Attendons pour voir.
El-Djazaïr.com : Pour le président de la République, « la reconstruction de l’économie est une entreprise de longue haleine ». Pensez-vous que notre économie puisse relever les défis ?
Lamine Osmani : L’Algérie dispose d’énormes potentialités dans tous les domaines. On peut réussir pourvu qu’il y ait une véritable volonté pour ce faire. Comme souligné auparavant, c’est avant tout un problème de gestion. Il ne faut pas se mentir. Pour y remédier, il faut associer des professionnels à la prise de décisions. L’économie n’a jamais été des prérogatives des administrateurs, mais d’économistes.
El-Djazaïr.com : L’exploitation du gaz de schiste refait surface. Quelle est la position de votre parti quant à cette question ?
Lamine Osmani : C’est un faux débat. C’est aux techniciens et autres spécialistes de nous éclairer de la faisabilité ou non de son exploitation et non aux politiciens.
El-Djazaïr.com : Les observateurs s’accordent tous, à dire que la diplomatie algérienne est de retour sur la scène internationale. Sa prise en mains du dossier libyen en est la preuve. Est-ce un « réveil » conjoncturel selon vous, ou c’est l’Algérie qui retrouve la place qui est sienne ?
Lamine Osmani : Je ne pense pas que ce soit un éveil conjoncturel. La diplomatie algérienne a, à travers son Histoire démontré qu’elle peut véritablement résoudre des conflits. Rappelons que l’Algérie a joué les premiers rôles de la médiation entre le Shah Pahlavi d’Iran en 1974 et le président irakien Saddam Hussein, et a contribué largement, sous l’égide de la Ligue arabe, à l’arrêt de la ns guerre civile au Liban grâce à l’accord de Taef. Au début des années 2000, un accord de paix a été signé entre l’Ethiopie et l’Erythrée. L’Algérie vient d’entamer un marathon diplomatique pour proposer de nouvelles initiatives politiques en vue d’une solution à la crise libyenne, alors que les bruits de botte en Libye font craindre un embrassement de toute la région. Á l’occasion, au sein de Sawt Echaab, nous nous inscrivons dans la lignée de la voie diplomatique de l’Algérie et réaffirmons notre soutien indéfectible à la cause palestinienne et celle du Sahara occidental, la dernière colonie d’Afrique.
El-Djazaïr.com : Toute formation politique a ses « principes fondements ». Qu’en est-il pour Sawt Echaab ?
Lamine Osmani : L’instauration d’un Etat de droit permettra à une distribution équitable des richesses du pays. Aussi, nous avons besoin d’un dialogue sérieux et responsable privilégiant l’intérêt suprême du pays de préserver les acquis pour lesquels se sont sacrifiés des millions d’Algériens