Sahara Occidental : l’Egypte n’ouvrira pas de consulat à El Ayoune
Dans un entretien accordé au quotidien Echourouk, l’ambassadeur égyptien à Alger, Aymen Mochrafa, a indiqué que son pays partageait les mêmes visions que l’Algérie concernant la plupart des grands dossiers internationaux actuels, comme celui de la Lybie ou du Sahara Occidental. Pour ce dernier, l’ambassadeur égyptien a appelé à trouver une solution sous l’égide de l’ONU et acceptée par les deux pays, démentant toutes les informations quant à l’ouverture d’un consulat dans la ville occupée d’El Ayoune.
Revenant à la Lybie, l’ambassadeur a aussi démenti toutes les allégations colportées çà et là concernant une prétendue divergence de point de vue entre l’Algérie et l’Egypte et affirme, qu’au contraire, il y a grande convergence entre les deux pays. Au contraire, l’ambassadeur attire l’attention sur les risques d’une non-maitrise de la situation sécuritaire en Lybie sur les pays du voisinage, faisant porter toute la responsabilité de cette situation à des forces non-arabes qui font perdurer la crise dans ce pays frère.
Pour ce qui est des relations bilatérales entre l’Algérie et l’Egypte, le diplomate rappelle qu’elles ont commencé par la révolution de 1954 « le président Boumediene a étudié à El Azhar » précise-t-il, le président Ben Bella se trouvait au Caire et de nombreux communiqués et appels de l’ALN ont été faits à partir de la capitale égyptienne.
L’ambassadeur n’oublie pas de remercier l’Algérie pour sa participation lors de la guerre arabo-israélienne en envoyant son armée et son matériel, ainsi que le geste historique du défunt président Boumediene qui s’est rendu en Russie pour déposer un ‘chèque à blanc’ pour la fourniture d’armement à l’Egypte, bloqué à cause du manque de financement. Il rappelle aussi les nombreux officiers et soldats algériens qui ont participé à plusieurs guerres menées par l’Egypte contre l’occupant sioniste dont celle de 1973, à l’instar de feu Gaid Salah ou Said Chanegriha. « Les relations entre l’Algérie et l’Egypte ont toujours eu une dimension historique et culturelle, comme la présence des enseignants égyptiens au lendemain de l’indépendance, en réponse aux appels lancés par les autorités algériennes. Il y a aussi l’aide de l’Egypte pour la construction de l’université islamique de Constantine dont le premier recteur était Cheikh Mohamed El Ghazali alors qu’El Chaaraoui, l’un des plus grands exégètes égyptiens a travaillé durant plusieurs années en Algérie durant les années soixante.
Après avoir mis en exergue tout ce qu’il y a de commun entre les deux pays, le diplomate rappelle que durant la décennie noire plusieurs compagnies égyptiennes qui travaillaient en Algérie n’ont pas quitté le pays, malgré tous les risques.
Revenant au dossier libyen, il déclare qu’il n’y a aucune divergence entre les deux pays, au contraire : « nous sommes en parfaite synergie avec la politique algérienne qui consiste à préserver ce pays et la sécurité de son territoire, en insistant sur le fait de le débarrasser de tous les mercenaires et armées étrangères qui s’y trouvent », assure-t-il. Pour faire sortir la Libye de cette situation catastrophique qui constitue un danger certain sur la sécurité de l’ensemble des pays du voisinage, le diplomate préconise de l’aider par tous les moyens dont ils disposent.
Concernant le dossier du Sahara occidental, le même responsable affirme que son pays a préféré, dès le début, se maintenir dans une position de neutralité, tout en demandant aux Nations Unies de mettre en œuvre une solution juste et acceptable par les deux parties. L’Egypte réclame aussi l’envoi rapide d’un émissaire onusien pour mettre en place les dynamismes nécessaires à une solution juste et durable alors que, répète-t-il, « nous maintenons une position de neutralité vis-à-vis des deux parties pour préserver nos relations fraternelles avec elles et nous démentons de manière catégorique les allégations selon lesquelles nous allons ouvrir un consulat à El Ayoune ».
Passant aux facilités que l’Egypte pourrait donner aux touristes algériens en cas de réouverture des frontières, le diplomate assure que son pays a toujours été une destination préférée des algériens, la troisième selon lui, et qu’ils ont toujours été accueillis dans les meilleures conditions. Pour rappel, l’Egypte avait délivré 50 000 visas aux algériens durant l’année 2019, à cause de la tenue de la CAN qui a vu le couronnement de l’Algérie et qui a raffermi les liens fraternels entre les deux peuples.
Pour ce qui est de la pandémie et de son impact, l’ambassadeur a affirmé que le gouvernement égyptien a mis en place les mesures nécessaires pour la contenir malgré toutes les difficultés rencontrées. « Le nombre de décès qui n’a pas atteint les 10 000 est assez éloquent, vu le nombre d’habitants, les contaminations quotidiennes sont en baisse et nous allons entamer l’importation d’un panier de vaccins composés de vaccins anglais, russe et chinois », a-t-il déclaré. Il rappelle aussi que l’Egypte est un grand pays avec un nombre important d’habitants et qu’il est difficile de tout fermer, mais, heureusement, le plan anti-pandémie a été une totale réussite, comme en témoigne l’OMS et des observateurs internationaux.
La relation avec la Turquie est considérée comme d’une grande complexité et l’Egypte refuse que la Turquie s’immisce dans les affaires internes des pays arabes car elle n’a pas le droit d’intervenir dans les dossiers arabes, à l’instar de la Libye où des forces étrangères et des mercenaires se trouvent toujours et font tout pour maintenir la tension et faire perdurer la crise.
Quant aux affaires internes de l’Egypte, l’ambassadeur estime que la révolution a apporté beaucoup de choses au pays qui a réalisé un taux de 2,4%, en plus d’une amélioration sensible dans les conditions de vie des citoyens égyptiens.
Les rapports des organisations internationales des droits de l’homme sont souvent négatifs en Egypte, le diplomate estime que ces ONG ont aussi critiqué les prisons américaines et certaines pratiques de pays européens, pourtant ces pays sont dits démocratiques. Ces organisations de droit de l’homme exagèrent et parlent des droits tout en oubliant les réalisations. « Il ne faut pas oublier que les réalisations sont là pour prouver la présence d’un Etat de droit qui reçoit les plaintes de tous ceux se sentent lésés », affirme-t-il.
Pour le Nil, le diplomate estime que c’est un fleuve international et nul n’a le droit d’y construire un barrage sans un accord entre tous les pays qu’il traverse et de ceux d’où il prend le départ. « Malgré cela, l’Egypte a entamé des discussions depuis une dizaine d’années pour trouver une solution acceptable par tous », déclare aussi l’ambassadeur.
Tahar Mansour