Restitution des crânes des résistants : la presse française en parle mais n’en fait pas sa «Une»
Si les titres de la presse parisienne ont largement rendu compte de l’événement historique que constitue la restitution des crânes de 24 résistants algériens du XIXe, ils se sont toutefois défendu d’en faire leur « Une ».
C’est le cas du quotidien réputé de référence, Le Monde, qui, dans un article signé par son spécialiste Algérie, Abdelmadjid Zerrouki, a commenté l’événement, avec une longue rétrospective des crimes commis par la colonisation française, mais ne voit les choses que du côté de Paris. «Ce geste, lit-ion dans l’article, marque une volonté d’apaisement entre Paris et Alger, après plusieurs semaines de tensions à la suite de la diffusion sur des chaînes publiques françaises de deux documentaires jugés insultants par les autorités algériennes et le rappel, le 28 mai, de l’ambassadeur algérien à Paris (de retour dans la capitale française le 15 juin)». Et d’enchaîner : «Cette énième brouille diplomatique a pris fin après qu’Emmanuel Macron ait appelé Abdelmadjid Tebboune, le 2 juin. Les deux chefs d’Etat se sont alors engagés à “œuvrer à une relation sereine et à une relance ambitieuse de la coopération bilatérale“ ».
De son côté, l’Agence France Presse (AFP) a consacré un long article à l’événement, en reprenant une déclaration de la présidence française, considérant que ce geste «s’inscrit dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de notre histoire». Pour l’Elysée, ce « travail de mémoire » sera poursuivi, «dans le respect de tous, pour la réconciliation des mémoires des peuples français et algérien».
Le quotidien communiste L’Humanité abonde dans le même sens, en parlant, lui aussi, de «restitution». «La France vient de restituer à l’Algérie les crânes de 24 résistants algériens à la conquête coloniale tués puis décapités en 1849, lors de la célèbre bataille de Zaatcha». La correspondante de ce journal à Alger décrira pourtant ces restes mortuaires comme autant de «témoignages de la violence barbare qui accompagna l’invasion de l’Algérie par les troupes françaises».
L’hebdomadaire de droite Le Point reprend la même antienne, en réduisant ce moment historique et émouvant pour les Algériens, à un simple «geste d’apaisement important que la France vient de poser dans le cadre de relations bilatérales souvent volatiles». Ce magazine n’a pas manqué de rapporter les propos du chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Saïd Chengriha, fustigeant «le colonialisme ignoble».
Les autres titres de la presse française se sont contentés de reprendre intégralement la dépêche de l’agence officielle.
M. A.