Reprise de la prière du vendredi : dans le respect des mesures sanitaires
Comme attendu par l’ensemble des algériens, cette journée du vendredi 6 novembre 2020 n’a pas été comme les autres, elle deviendra le symbole d’une reprise de la prière du vendredi (Djoumouâ) dans toutes les mosquées ayant une capacité de plus de 1000 fidèles. Depuis quelques jours déjà, les imams et les employés de ces mosquées ont tout préparé pour ce grand retour. Les places, éloignées les unes des autres ont été marquées, les thermomètres électroniques acquis, de nombreux flacons de désinfectant placés en divers endroits, surtout aux entrées et aux sorties et les encadreurs formés pour la prise de température et à aider les fidèles à respecter les emplacements pré-marqués. Déjà à partir d’onze heures, des dizaines de personnes de tous âges attendaient devant les portes des mosquées, discutant entre eux de cette journée, l’émotion étant grande et la joie plus encore. Les groupes se sont formés selon l’âge, selon les quartiers, selon la profession, mais tous portaient le masque de protection et se tenaient à distance respectueuse les uns des autres, les voix étaient basses. Aussitôt les portes ouvertes à douze dix minutes tapantes, les fidèles sont entrés sans bousculades, attendant sagement qu’un agent prenne leur température avant de pénétrer à l’intérieur de la salle de prière. Les trois préposés qui prenaient la température au niveau de chaque issue le faisaient de manière aisée et, très vite, tout le monde était entré, ne restaient que les retardataires qui arrivaient les uns derrière les autres et étaient accueillis avec le sourire et la prise de température. Dans la salle de prière, le calme et la sérénité étaient de mise et chacun, son tapis à la main, suivait les indications des préposés qui les dirigeaient vers les emplacements marqués, complétant les rangs pour éviter toute interférence. La mysticité des lieux, le grand calme, l’émotion, la dévotion étaient palpables. Personne n’osait élever la voix, même en lisant le Coran. Après l’accomplissement des deux ‘rakaate’ pour le salut de la mosquée, chacun s’asseyait à sa place et entrait dans une méditation silencieuse ou implorait Dieu pour lui-même, les siens et toute la communauté musulmane. Après les deux appels à la prière séparés de seulement trois à quatre minutes, l’imam entama son prêche, rappelant aux fidèles les bienfaits de cette journée spéciale du vendredi et de la prière de Djoumouâ qu’ils ont été empêchés d’accomplir pendant plusieurs mois. Tout le monde portait un masque de protection, même l’imam. A la fin du prêche puis de la prière, les fidèles sont sortis dans le calme, les uns après les autres, observant toutes les règles de protection contre le covid19 et se sont dirigés vers leurs domiciles. Dehors, malheureusement, plusieurs jeunes ont ôté leurs masques et les ont mis dans leurs poches.
Ainsi, nous remarquons que surtout c’est au niveau des mosquées que le protocole sanitaire est vraiment observé, sans aucune réserve, à la lettre. Mais, une fois dehors, la plupart oublient les bons gestes observés à l’intérieur de la mosquée et font fi de toute protection contre la maladie qui a pourtant emporté plusieurs de leurs parents, de leurs amis, de leurs voisins, de leurs connaissances.
Les imams ont donc un rôle primordial à jouer dans la sensibilisation des citoyens pour l’observation des règles de protection, aussi bien concernant la distanciation sociale que le port du masque de protection ou l’hygiène des mains. Des prêches devraient être dits, même en-dehors de la prière du vendredi, afin d’inciter les fidèles et, à travers eux, l’ensemble des citoyens, à se conformer aux gestes barrières édictées beaucoup plus par la nécessité de préserver sa santé et celle d’autrui que par les spécialistes qui ne font que les définir, en somme.
Tahar Mansour