Quand le nuage de sable du Sahara rappelle les essais nucléaires français en Algérie
Le nuage de sable du Sahara, qui a obscurci deux fois, durant ce mois de février, le ciel de plusieurs pays européens, rappelle les essais nucléaires menés par la France dans le sud algérien au début des années 60.
Un échantillon de sable, qui a été ramassé dans le massif du Jura, situé dans l’est de la France, a été analysé par un laboratoire près de Rouen en Normandie. Selon France3, des traces des essais nucléaires français au Sahara ont été détectées.
C’est Pierre Barbey, spécialiste de la radioprotection à l’Université de Caen et conseiller scientifique bénévole du laboratoire ACRO (l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Oues), qui a mené cette expérience.
« Ce jour-là (le 6 février dernier), c’était très étrange, nous avons chaussé les raquettes tôt le matin, la neige était blanche, au fil de la balade tout a changé, ça a duré toute la journée. J’étais avec des amis qui étaient inquiets en voyant ces poussières ocres recouvrir le sol », a-t-il raconté.
Faisant directement le lien avec le sable du Sahara, le scientifique a eu la présence d’esprit de prélever un échantillon avec un mouchoir en papier.
Suite à quoi, l’échantillon en question a été analysé par le laboratoire de l’ACRO. Résultat : « l’analyse est sans appel, du césium-137 est clairement identifié ». « Il s’agit d’un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire » a expliqué l’association.
Les quantités de césium-137 que contient le nuage ne représentent aucun danger, a rassuré l’ACRO. « Il n’était pas question de dire qu’il y a une mise en danger de la population, mais de rappeler ce qu’a fait la France et d’autres pays », a expliqué Pierre Barbey.
Et de se désoler, « la population (dans le sud algérien) vit avec ces traces de césium-137 au quotidien, certains terrains sont toujours fortement contaminés, cela donne une idée de la contamination de l’époque ».
Skander Boutaiba