ENERGIE
Naftal : une Entreprise Nouvelle pour une Algérie Nouvelle
S’il est une entreprise étatique qui a su relever tous les défis et offrir aux citoyens un service public dans les normes requises, il ne pourrait s’agir que de Naftal en premier lieu car il y en a d’autres, bien entendu, mais Naftal détient la palme en la matière. Naftal, dans le connu de tous, ce sont les carburants avant tout et, souvent, nous oublions que c’est aussi la bouteille de gaz butane, les bouteilles et les citernes de propane qui nous accompagnent durant toute notre vie, avec une acuité plus grande pendant la période hivernale.
Mais d’abord, qu’est-ce que Naftal ?
L’entreprise Naftal est une filiale de Sonatrach qui s’occupe de la fourniture de divers produits pétrochimiques aux particuliers et aux professionnels, ce qui en fait une entreprise intervenant directement dans la vie publique. Parmi les produits commercialisés par Naftal :
- Pour les particuliers : carburant terre (essence, gas-oil), GPL, lubrifiants, pneumatiques, sirghaz, propane, gaz butane à travers plus de 2000 stations-service implantées à travers l’ensemble du territoire national.
- Pour les professionnels : aviation (carburant aviation, huiles moteurs, huiles turbines, fluides hydrauliques, graisses, compound et produits spéciaux), marine (carburants marine, huiles diverses, graisses et produits spéciaux), les bitumes (BMP Naftal, bitumes purs, oxydés, cut-back, émulsions), produits spéciaux (paraffines raffinées blanches, paraffines semi-raffinées, dispersions de paraffine anionique).
Naftal, dans les zones d’ombre
Lors de l’entretien qu’il nous a accordé, le PDG de Naftal, M. Kamel Benfriha, a assuré que l’entreprise qu’il dirige s’est engagée à bras-le-corps dans l’amélioration des conditions de vie dans les zones d’ombre, en exécution des instructions du président de la république dans ce domaine : « nous avons une grosse part à apporter dans le cadre de la satisfaction des besoins des citoyens des zones d’ombre en matière de gaz, un produit stratégique et très demandé, surtout en bouteilles. Des dispositions particulières ont donc été prises par une anticipation sur la demande du citoyen, faisant d’une pierre deux coups : satisfaire les besoins du citoyen et coupant court aux velléités de mainmise sur l’approvisionnement en bouteilles de gaz par des spéculateurs qui ont fait monter le prix jusqu’au triple en période hivernale ».
Les zones d’ombre ont donc été identifiées en coordination avec les autorités locales et des zones de stockage ont donc été créées au niveau de chaque localité, en plus des points de vente qui existaient auparavant, contenant un nombre de bouteilles plus ou moins grand, en fonction de la population desservie. Une amélioration sensible dans l’approvisionnement en gaz butane a été enregistrée cette année, en plus du maintien du prix officiel de la bouteille qui est de 200 DA. « Même si ce sont d’autres institutions publiques qui sont chargées de réguler et de contrôler le prix de vente de la bouteille de gaz butane, Naftal s’est investie et, grâce à un approvisionnement ciblé des zones d’ombre, a réussi à maintenir le prix à son niveau normal en barrant la route aux spéculateurs qui s’enrichissaient sur le dos des citoyens, obligés de payer le prix fort pour obtenir cette bouteille indispensable aussi bien à la cuisine qu’au chauffage », a précisé M. Benfriha.
La vente directe a aussi été réactivée, augmentant sensiblement l’approvisionnement et, mieux encore, rapprocher la bouteille de gaz des consommateurs dont la plupart sont obligés de se déplacer vers les points de vente pour s’approvisionner, « nous avons créé une proximité avec le citoyen », affirme le PDG de Naftal.
Naftal a aussi créé une nouvelle installation consistant en des citernes Propane qui n’étaient pas accessibles aux citoyens aux revenus modestes mais, cette année : « nous les avons mises à la disposition des citoyens, chaque citerne alimentant 4 ou 5 foyers, nous avons établi des contrats avec eux et nous les alimentons à chaque fois que le besoin se fait sentir, une citerne pouvant tenir entre trois ou quatre mois, parfois plus, selon la consommation des foyers », a précisé M. Benfriha. Soixante-six foyers ont bénéficié dans cette première phase de citernes de propane ainsi que 356 écoles situées dans des zones reculées.
En plus de l’ensemble des mesures prises, Naftal s’apprête à lancer des stations mobiles à travers les zones d’ombre pour toucher tous les points, même les plus reculés.
Pour rappel, 11000 zones d’ombre ont été recensées à travers le territoire national qui seront prises en charge pour l’électricité et le gaz.
Préparation saison hivernale
« Pour Naftal, l’activité GPL est là depuis la nuit des temps et la vente de la bouteille de gaz a toujours fait partie de notre environnement. Mais il faut dire aussi que c’est une activité qui se prépare pour la période hivernale, l’hiver se prépare chez nous (à Naftal). La campagne hivernale est de six mois, elle débute le 1er octobre de chaque année et ne se termine qu’à la fin du mois d’avril de chaque année, ou plus encore si l’année est pluvieuse. Donc, pour Naftal, la campagne se prépare dès la fin du mois d’avril, c’est-à-dire que, juste après la fin d’une campagne, nous préparons celle d’après. Généralement nous commençons par la maintenance de nos installations qui ont été utilisées six mois durant sans interruption, avec trois équipes pour le remplissage des bouteilles. Nous recrutons d’ailleurs 1350 agents saisonniers durant la campagne hivernale pour maintenir le rythme », explique le PDG de Naftal, M. Kamel Benfriha.
Il annonce aussi que la campagne hivernale 2019/2020 a été particulière à plus d’un titre puisque, outre la pandémie de covid19, les agents qui ont été recrutés pour cette campagne ont été gardés : « l’échéance du contrat de travail de ces 1350 employés temporaires est arrivée à la fin du mois d’Avril 2020, nous étions en pleine pandémie et Naftal étant une entreprise sociale et citoyenne, nous les avons maintenus en position opérationnelle, avec leurs salaires et tout ce qui y est afférent. Nous ne pouvions quand même pas mettre fin à leur relation de travail dans les conditions qui prévalaient à cette époque, ils ont été orientés vers d’autres activités. Ils ont été reconduits pour la présente campagne et c’est la première fois que cela arrive », a déclaré notre interlocuteur avec une émotion perceptible dans la voix. Il continua en affirmant que la période de préparation est mise en action pour la rénovation des installations. En outre, à la fin du mois de septembre, les stocks doivent être remis à leur niveau ‘top’, en remplissant les réservoirs à 80% de leurs capacités après avoir été remplis au minima durant l’été, période où l’activité est moindre et au cours de laquelle les mesures de sécurité doivent prises. « Donc tout se prépare, les moyens, le personnel, la logistique, le transport, afin d’être au rendez-vous de la saison hivernale sans aucun accroc », précise le PDG de Naftal, qui continue en déclarant que : « c’est une planification, c’est un métier qu’il faut maitriser et nous disons ici que les employés chargés du GPL sont spécifiques car ils s’occupent de la sécurité au-delà de la sécurité ». En effet, les ouvriers dans les centres d’enfutage remplissent les bouteilles dans un milieu potentiellement dangereux, avec des risques d’explosion et l’inhalation de gaz et de produits volatiles.
C’est aussi le cas pour la partie carburant, la campagne est aussi préparée de manière stricte, mais là, la période de tension commence à partir d’avril ou mai et s’étend le long de l’été quand les gens circulent pour leurs vacances, les visites familiales, les fêtes, etc… Des dispositions ont été prises pour maintenir le stock à son niveau optimum, alors que des plans de substitution sont mis en place pour parer à toute éventualité. « Nous pouvons, grâce à ces plans de substitution, ramener du carburant par d’autres moyens que ceux prévus auparavant. Si la voie maritime est impraticable, nous pouvons le ramener par camions ou par voie ferrée », nous explique M. Benfriha.
Le dual fuel
« Naftal est sur le carburant propre depuis longtemps, chez nous c’est le GPLc, le GNL, le GNC. Le GPLc a été développé en 1983 pour les moteurs à essence et il est maintenant banalisé, tout le monde connait le Sirghaz. Mais pour le Gas-Oil, il y avait une problématique qui empêchait son utilisation. Il y a eu quelques tentatives mais qui n’ont pas abouti, principalement à la règlementation, en plus de la tarification, ceci pour utiliser le GNC », précise le PDG de Naftal qui ajoute que l’utilisation du GNC est trop onéreuse.
Il y a aussi le véhicule dont la transformation revient trop cher ou, si l’Etat opte pour l’importation de véhicules dédiés uniquement GNC, il n’y a pas de couverture suffisante en station-service GNC. Mais il fallait trouver une solution car le gas-oil est importé par l’Algérie, le parc diésel augmente et, avec lui, la facture des importations.
Finalement, la solution a été trouvée en collaboration avec des spécialistes étrangers, des polonais, qui ont mis au point le GPLc mais Gas-Oil. Aussitôt la décision a été prise pour son installation sur les véhicules Naftal puis, en 2018, ce sont des bus de l’ETUSA qui ont reçu l’installation prototype.
Mais il a fallu attendre cette année, après le changement politique intervenu en Algérie, pour que les choses passent à une vitesse supérieure et que la décision a été prise de convertir l’ensemble des véhicules roulant au gas-oil en Dual Fuel, c’est-à-dire gas-oil et GPLc. Le kit a cette particularité qu’il fera mouvoir les véhicules en dualité de carburant, c’est-à-dire à 30% de GPLc et 70% gas-oil.
Outre l’ETUSA, c’est Logitrans qui verra ses camions reconvertis en Dual Fuel, en collaboration avec Naftal. D’ailleurs Logitrans transporte déjà du carburant pour le compte de Naftal et nous sommes sur un programme pour tester ce nouveau carburant. Le kit Dual Fuel s’installe aussi bien sur les camions, les bus et même sur les véhicules légers roulant au gas-oil, Naftal ayant déjà converti trois véhicules légers à ce nouveau carburant.
La voiture électrique
D’aucuns se demanderaient que vient faire Naftal dans le domaine de la voiture électrique. C’est la première question qui nous est venue à l’esprit et que nous avons posée à M. Kamel Benfriha, qui nous a dit entendu : « vous savez, le monde évolue et Naftal aussi. Nous sommes 32000 travailleurs et j’ai l’obligation de trouver une solution pour l’entreprise que je dirige.
Le GPLc est en train d’être développé, le carburant fossile ne sera peut-être plus utilisé d’ici un laps de temps plus ou moins long, la masse salariale de l’entreprise et les investissements que nous sommes en train de faire, et étant ce qu’ils sont, Naftal ne pourra plus y faire face, il lui faut donc se développer sur un autre segment. Nous avons 2500 stations-service réparties à travers l’ensemble du territoire national et nous nous sommes dits que nous pourrions installer des bornes électriques dans chacune de nos stations-service pour répondre à la demande des automobilistes dans ce domaine, c’est aussi une énergie comme une autre. Nous nous sommes donc préparés pour aller vers cette diversification de notre activité ».
Des bornes électriques à l’énergie solaire
En bon gestionnaire qui pense à toutes les situations, M. Benfriha ne s’est pas arrêté là : il est allé plus loin en affirmant que la voiture électrique, si elle diminue les émanations de carbone, ne règle pas pour autant le problème de l’utilisation des carburants fossiles qui, faut-il le rappeler, coutent trop cher, sont sur le point de disparaitre et causent des dégâts incommensurables à l’environnement. En effet, l’utilisation des bornes électriques pour les véhicules ne fait que déplacer le problème vers une autre dimension car, les bornes utilisent le courant électrique du réseau national qui est alimenté par des centrales utilisant soit le gaz, soit le gas-oil. Donc, afin justement d’aller vers une véritable transition énergétique voulue par le programme et les orientations du président de la république et en réponse à une obligation économique qui se fait de plus en plus forte, M. Benfriha s’est tourné vers les bornes à l’énergie solaire. « Nous avons contacté des spécialistes en la matière qui nous accompagnent et nous avons quand même avancé dans ce sens », annonce-t-il.
Mais, jusqu’à maintenant, les bornes électriques qui seront installées dans un premier temps seront alimentées par le réseau national d’électricité et seront très performantes, permettant le chargement de la batterie du véhicule en moins de dix minutes.
Tahar Mansour
Lire La Deuxième Partie :
Naftal : une Entreprise Nouvelle, pour une Algérie Nouvelle (2ème partie)