Les salades d’Ali Bensaad, agrémentées de « frites Mc Cain »
Ali Bensaad a publié récemment un texte intitulé « Khaled Drareni, Ammar Belhimer, la France et la pizza Mc Cain ». Il y interpelle Ammar Belhimer sur des prétendus billets d’avion émanant d’ambassades de France et sur ses prétendues collaborations sécuritaires – effectuant un parallèle plus que discutable entre les « faveurs » de ce dernier et l’affaire Khaled Drareni.
Je me permets de réagir car ce texte contient des informations erronées, de nature calomnieuse, concernant ses collaborations scientifiques avec le Centre Jacques Berque, centre de recherche français en sciences humaines et sociales, basé à Rabat – avec lequel je collabore depuis 2011 et où j’ai été en poste entre 2015 et 2018.
Ali Bensaad écrit notamment à propos d’Ammar Belhimer : « Il a bénéficié d’au moins quatre billets d’avion de l’ambassade de France au Maroc et probablement plus sans compter des billets de l’ambassade de France en Algérie. Je le sais parce que j’ai été chercheur en délégation CNRS au Centre Jacques Berque qui lui a permis de bénéficier de ces billets qui sont documentés ».
Cette information est fausse. Ali Bensaad était en poste au Centre Jacques Berque entre 2009 et 2010. La collaboration d’Ammar Belhimer avec le Centre Jacques Berque a eu lieu postérieurement. C’est moi même qui ai sollicité/invité Ammar Belhimer, dans le cadre d’un programme scientifique dirigé par Baudouin Dupret, l’ancien directeur du Centre Jacque Berque. J’assurais pour ma part une partie de la coordination du programme et les recherches sur l’Algérie.
Ce programme était financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR – établissement public à caractère administratif, principale agence de financement de la recherche scientifique française) et hébergé par le Centre Jacques Berque. Il portait sur l’anthropologie du droit de la propriété dans les pays et les contextes majoritairement musulmans. Il s’est déroulé entre 2011 et 2015.
Ammar Belhimer a bénéficié, comme tous les autres chercheurs participant au programme (notamment des collègues du Soudan, du Liban, du Maroc, de Mauritanie, d’Indonésie, d’Inde et d’Europe) de prises en charge (avion ou train + hébergement) pour des réunions scientifiques.
Il n’a pas bénéficié de billets de l’ambassade de France (à Alger ou au Maroc), mais bien de billets d’un centre de recherche, dans le cadre d’un projet financé par une agence de recherche scientifique. Sa collaboration a donné lieu à plusieurs publications.
J’ajoute qu’il n’a jamais sollicité le moindre billet ou prise en charge (sens du nif algérien ?) mais que c’était l’équipe du Centre Jacques Berque, et moi en particulier, qui le sollicitions pour son expertise scientifique.
Par amitié, par sens de la réciprocité (sens du nif algérien ?), mais aussi pour stimuler les activités scientifiques de sa faculté, Ammar Belhimer a organisé des journées d’étude sur le droit de la propriété à la faculté de droit d’Alger, grâce au soutien de son conseil scientifique. J’ai d’ailleurs pu, ainsi que d’autres collègues externes à sa faculté et /ou en poste à l’étranger, bénéficier d’une prise en charge (avion + hébergement) pour cette rencontre. Il en a résulté un volume de la revue algérienne des sciences juridiques et politiques (Volume 50, n°5, 2013).
Le texte d’Ali Bensaad qui fait maladroitement référence à la culture-pub – ce ne sont pas des pizzas, mais des frites Mc Cain dont il s’agit dans la célèbre publicité – repose sur des éléments factuellement faux et m’amène légitimement à douter très sérieusement de la véracité des autres éléments mis en avant pour discréditer Ammar Belhimer.
Sur le fond, je m’interroge sur les raisons de ce texte. S’il s’agit de soutenir le cas de Khaled Drareni (chose légitime au demeurant), pourquoi ne pas adresser la diatribe au juge qui a rendu son jugement dans cette affaire, au ministre de la justice ou encore au président de la république ? Ce n’est pas le ministre de la communication qui est responsable du sort de Khaled Drareni. En tant que ministre et juriste de surcroit, il est normal qu’Ammar Belhimer ne commente pas les décisions de justice et se borne à rappeler quelques éléments factuels qui concernent son ministère : notamment que Khaled Drareni ne disposait pas d’accréditation de son ministère au moment de son interpellation et mise en détention (mars 2020, soit moins de deux mois après la prise de fonction d’Ammar Belhimer). Il y indique en outre les voies de recours juridiques possibles pour Khaled Drareni.
Que penser au final de ce texte ? Qu’Ali Bensaad projette ses propres pratiques sur celle d’Ammar Belhimer ? Que quand on a que la culture-pub comme référence à faire valoir, il n’est pas étonnant de ne raconter que des salades ?