L’Algérie est de retour !
Vendredi 3 juillet 2020, il est l’heure de la prière d’El Djouamouâ à l’aéroport Houari Boumediene.
Après plusieurs mois d’un vide stellaire dû au coronavirus, les lieux connaissent un va-et-vient incessant, des voitures civiles, des véhicules militaires, des motards de la garde présidentielle, une foule de personnes aux lunettes noires qui filtrent même l’air ambiant.
L’arrivée du président de la république, Abdelmadjid Tebboune et des hautes autorités civiles et militaires algériennes donnent un regain de tension et de mouvement aux présents.
L’heure est solennelle, grandiose, l’émotion étreint tous ceux qui se trouvent là, les autres, tous les algériens, n’en en pas moins les yeux embués, ils se retiennent difficilement de laisser libre cours à leurs larmes. A l’aéroport, l’attente n’est pas longue, on entend déjà le vrombissement des avions, les algérois sont massés le long des routes et ont les yeux rivés au ciel : ils attendent l’Algérie qui revient chez elle ! Soudain, le gros C130 de l’ANP, escorté par trois avions de chasse, exécute une parade et les canons de la marine tonnent 21 fois, clamant la force de l’Algérie, chantant la bravoure de ses enfants, rappelant les lourds sacrifices consentis par tous les algériens ! A chaque coup de canon, nos peaux se hérissent, la chair de poule est là et les larmes sont prêtes à jaillir. C’est l’Algérie qui revient chez elle, à bord d’un avion de son armée, piloté par l’un de ses fils, escortée par des avions de chasse prêts à tout pour la défendre.
Partout à travers notre territoire, à Alger, à Biskra, à El Oued, à Oran, à Constantine, à Annaba, au fond du Sahara ou sur les hauteurs glacées de Lalla Khadidja, à Bejaia ou à Illizi, la communion est la même, l’émotion nous étreint tous, c’est l’Algérie qui revient chez elle, pour nous réunir, pour nous guider, pour nous sauver des autres et de nous-mêmes. Quand l’avion atterrit et que les cranes de nos valeureux ancêtres sont déposés sur la terre qu’ils ont arrosée de leur sang, l’air s’est arrêté, les oiseaux se sont tus, les bruits n’étaient plus que chuchotements et personne n’osait ouvrir la bouche, même pour respirer.
L’Algérie est de retour et ses valeureux enfants l’accueillent avec grande émotion. Quand la Fatiha est lue, les larmes, libérées, tombent, mouillant les barbes et les moustaches d’hommes durs, implacables, qui s’oublient eux-mêmes pour sauver leur patrie.
Le temps remonte en arrière, cent-soixante-dix longues années en arrières, lorsque les algériens étaient enfumés dans des cavernes, lorsqu’ils étaient emmurés avec femmes, enfants et même leurs bêtes, quand la barbarie civilisatrice opérait une éradication complète de tout un peuple qui n’a rien demandé, sauf de disposer de lui-même.
Tout à coup, les images se superposent, nous voyons Boubaghla, Cheikh Bouziane, Mohamed Lamdjed, nous voyons aussi Mohamed Belouizdad et tous ses compagnons, le colonel Lotfi, Amirouche, ensuite tout va vite, les morts du 8 mai 1945, les chouhadas connus ou anonymes de la guerre de libération nationale, et les autres encore, tout au long d’une histoire mouvementée mais qui a bâti des hommes et des femmes qui tiennent toujours haut le flambeau de notre beau pays.
Avec le retour de l’Algérie accompagnée des cranes momifiés de ses héros, c’est une page que nous tournons pour entamer une autre, nouvelle, belle, immense, sans aucun gribouillis pour la salir, nonobstant la covid19, les ennemis d’ici et d’ailleurs, ceux d’hier et d’aujourd’hui, notre pays restera toujours là, nous devons, à n’importe quel prix, le prémunir et le sauvegarder !
Tahar Mansour
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