Laghouat se souvient du 4 décembre 1852 : Quand les Français faisaient usage de Chloroforme !
La prise de la ville de Laghouat le 4 décembre 1852, par l’armée coloniale française, fut dans le sang. C’est un des pires massacres perpétrés à l’encontre du peuple algérien avec l’utilisation de gaz toxiques, décimant près des deux tiers de sa population.
168 ans après, le souvenir est toujours vivace. Évoquant cette funeste journée, le secrétaire général de l’Organisation nationale des Moudjahidine de Laghouat, Madani Lebtar, cité par l’APS, a rappelé d’emblée que le massacre a fait plus de 2.500 martyrs, qualifiant d’ « holocauste» l’utilisation, lors de la bataille qui s’est déroulée sur les rives de l’Oued Mzi, d’obus chargés de Chloroforme, un composant chimique toxique, devenant létal à un certain degré de concentration et dont l’inhalation provoque une forte inflammation des poumons et la mort par asphyxie.
« Le bombardement de la ville avec des charges chimiques, exécuté par l’armée coloniale sous la conduite des généraux Pellissier, Puscaren et Joseph, contre la population locale et ses résistants sous la conduite de valeureux résistants à l’instar de Bennacer Benchohra, Cherif Benabdallah et Telli Belakhal, a fait pas moins de 2.500 morts parmi une population locale estimée alors à quelques 3.500 âmes, » a-t-il détaillé.
Après cette bataille meurtrière ayant montré quant même une brave et farouche résistance en dépit de l’inégalité des forces et des moyens, la soldatesque française est entrée dans la ville pour y découvrir des corps disséminés à différents endroits, et achever les blessés et les personnes agonisantes, à un degré de cruauté tel que même les soldats français ayant pris part au massacre ont été étonnés de la manière «inhabituelle» avec laquelle a été décimée la population de Laghouat en utilisant l’arme chimique, a relaté pour sa part, Dr. Aïssa Bougrine, enseignant au département d’Histoire de l’Université Amar Thelidi à Laghouat.
Une ville « insoumise »
Pour les historiens, l’utilisation par l’armée coloniale française de cette méthode inhumaine était la seule manière de faire plier Laghouat, une ville-forteresse qui était ceinte d’un rempart de ses quatre côtés et derrière lequel étaient positionnés les artilleurs.
Un dispositif qui n’a pu être percé que par le recours à l’artillerie lourde et les obus de chloroforme, pour parvenir à l’objectif de prise de cette ville géostratégique qui constituait la portière vers la conquête du Sahara algérien et de ses richesses naturelles souterraines.
Selon le directeur des Moudjahidine de Laghouat, Mohamed Halmouche, le musée du Moudjahid renferme plusieurs témoignages d’officiers français sur la résistance de Laghouat, dont un est des plus éloquents.
Celui-ci raconte : «une fois débarrassés des corps des morts, il ne restait plus de survivants, hormis les soldats français, dans la ville fantôme où toutes les habitations étaient vides, sans exception».
«J’entrais dans cette ville silencieuse, frappée d’une mort violente. Le massacre était effroyable, et les habitations, les kheimas et les rues étaient jonchées de dépouilles de plus de 2.500 morts, entre hommes, femmes et enfants. La France avait besoin de cet holocauste pour prouver sa puissance aux tribus combattantes dans le Sahara», est-il raconté.
Ce témoignage est «un aveu de l’atrocité d’un des pires et violents massacres et crime contre l’humanité à travers l’Histoire», estime l’historien.
Le directeur des Moudjahidine de Laghouat émet, à ce titre, le souhait de voir réaliser un film documentaire sur les évènements ayant jalonné
l’histoire rayonnante de la région, dont les hommes et les femmes ont préféré la mort à la capitulation devant un colonisateur recourant à des méthodes abjectes et inhumaines pour assouvir ses visées expansionnistes en terre algérienne.
La Patrie News