Ils ont été au four et au moulin : ces infatigables ministres de la république
Pour des raisons évidentes de santé, le Président de la République Abdelmadjid Tebboune, a dû, encore une fois regagner l’Allemagne en ce 10 janvier.
Dans une brève intervention, quelques instants avant que son avion ne prenne les airs, sourire aux lèvres, le président Tebboune qui avait, faut-il le souligner, un « agenda trop chargé » depuis son retour en Algérie le 29 décembre dernier, se voulait rassurant certes, mais, pas à 100% du travail accompli par certains ministres.
Lors d’un Conseil des ministres, consacré à l’évaluation du bilan annuel de 2020, de différents départements ministériels, le Président Tebboune a relevé que le bilan des performances ministérielles pour 2020 était plutôt mitigé avec du Positif et du Négatif.
En effet, comme nous l’écrivions déjà, certains de nos ministres ont plutôt brillé par leurs absences, mettant au placard toutes les instructions du président tendant à améliorer le vécu quotidien du citoyen.
Plutôt que de se pencher chacun sur ses responsabilités, ces mêmes ministres ont préféré sombrer dans les « incertitudes », laissant libre cours aux rumeurs les plus folles, les analyses fabriquées par les officines et affichées par certains de nos concitoyens, les calculs étroits, la rancœur ou tout simplement la cupidité maladive, alimentés par nos ennemis de toujours, à l’intérieur et à l’étranger, ayant donné lieu à des supputations, et à des calculs morbides.
Pour l’heure, le président de la République a préféré opter pour la « continuité », un remaniement ministériel profond est fort probable dès le retour du président Tebboune afin que les secteurs défaillants, ou carrément à l’arrêt, puissent être remis en marche.
Tout de même, beaucoup de nos ministres, (fort heureusement d’ailleurs) ont su se distinguer des autres, sans démagogie aucune, et être à la hauteur des attentes des Algériens, ce qui leur a valu même les critiques, les plus acerbes.
Il s’agit notamment du Premier ministre Abdelaziz Djerad. Trop discret, certes, il a tout de même pu tenir la barre et prendre le gouvernail dans une mer très agitée.
Abdelaziz Djerad au four au moulin, avait effectué au moins deux visites de travail et d’inspection, (M’Sila et Médéa) pendant les deux mois de convalescence du président de la République. Là, sans parler également des réunions du Gouvernement qu’il avait présidées.
« Djerad n’est jamais impressionné par l’ampleur de la tâche », estiment ses proches. Autre atout de l’actuel Premier ministre : Djerad bénéficie d’un privilège rare en ces temps mouvementés : la pleine confiance d’Abdelmadjid Tebboune, avec lequel il était toujours resté en contact. Les deux hommes sont en effet liés d’amitié. « Nous devons travailler avec toutes les compétences nationales et les cadres du pays, les citoyennes et les citoyens, afin de sortir de cette étape difficile, et faire face à des défis économiques et sociaux », avait déclaré Abdelaziz Djerad quelques heures seulement après sa nomination.
Dans l’exécutif Djerad II, d’autres ministres, méritent également des égards. Ces derniers, malgré les « temps difficiles », ont su gérer leurs portefeuilles.
Á commencer par le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid. Ce dernier, de l’avis même des professionnels, a hérité d’un secteur en souffrance, malade, d’un département ministériel gangréné par la mauvaise gestion de ses prédécesseurs et le manque de moyens. Mais, et aussi, d’une crise sanitaire sans précédent. Bilan d’étape de son action à la tête d’un ministère devenu particulièrement stratégique.
Dans l’accomplissement de ses « tâches de ministre », Benbouzid ne badine pas. Deux directeurs d’établissements sanitaires, l’ont d’ailleurs « payé cash ». En effet, en mai dernier, Abderrahmane Benbouzid limoge le directeur de l’hôpital de Ras el Oued, dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj, après le décès des suites du Covid-19 d’une femme médecin âgée de 28 ans, enceinte de huit mois, à qui il avait refusé un congé.
Plus récemment, le 15 décembre 2020, il démet de ses fonctions le directeur de l’hôpital de Kouba, dans la proche banlieue d’Alger, après qu’une enquête ait révélé qu’un médecin, absente depuis 18 mois, continuait de percevoir son salaire. Le tout conjugué à une crise sanitaire sans précédent. Pris de court, notamment durant les premiers mois de l’apparition du Coronavirus, Abderrahmane Benbouzid, a toujours eu la tête sur les épaules. Grâce au dévouement des uns et des autres, l’Algérie est actuellement citée comme un pays exemplaire dans la gestion de la pandémie du coronavirus. Pour la prochaine étape, la vaccination anti-Covid, « tout est fin prêt ».
Non loin du secteur de la santé, l’industrie pharmaceutique, un secteur stratégique à même d’apporter une plus value certaine à l’économie du pays, et ce en application des orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est distingué par son dynamisme.
L’atteste d’ailleurs la création d’un département ministériel à part entière de l’industrie pharmaceutique. Auparavant, ce secteur était du ressort d’un ministre délégué auprès du ministre de la Santé.
Les mutations actuelles opérées dans le secteur, notamment par la création d’un ministère de l’industrie pharmaceutique, sont parties pour propulser la production nationale vers son orbite réelle.
Le département œuvrait en effet à répondre aux besoins des citoyens en médicaments «sûrs, efficaces et de qualité », selon le premier responsable du secteur, Abderrahmane Lotfi Benbahmed. Ce dernier, n’aimant pas trop être cloué derrière son bureau, s’est lui aussi illustré par bon nombre de visites de travail et d’inspection dans les unités relevant de son secteur.
À l’horizon 2025, le ministre annonce que l’Algérie, à travers les capacités de son industrie pharmaceutique, envisage d’exporter des quantités de médicaments égales à celle qu’elle importe, « pour rééquilibrer ses comptes ».
Notre pays est, en effet, en phase de «passer » d’un pays importateur à celui, non seulement de producteur, mais également « d’exportateur ».
Aux côtés de Benbouzid et Benbahmed, Kamel Beldjoud, ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire, n’est pas en reste.
« Dans l’Algérie nouvelle, nous œuvrons à moraliser la vie publique et le travail administratif à travers l’humanisation de la relation avec le citoyen loin des promesses non fondées et des faux espoirs », avait-t-il indiqué récemment, comme pour résumer les priorités de son département ministériel.
Dans un environnement en mouvance perpétuelle, le département de l’Intérieur a également pu « préserver la stabilité », mais aussi, « la quiétude des citoyens », la sûreté nationale étant sous sa tutelle.
Quant à Abdelbaki Benziane, ministre de l’Enseignement supérieur, il a le mérite d’avoir assuré une rentrée universitaire sans accrocs. Avant cela, même au plus fort de la crise sanitaire, Abdelbaki Benziane, était l’un des rares ministres à « convier » la presse à des activités pratiquement hebdomadaires.
Au menu : des rencontres avec les recteurs d’universités, des représentants des organisations estudiantines, des œuvres universitaires et les partenaires sociaux du secteur de l’enseignement supérieur.
Pas du tout étonnant. L’amour que porte le professeur Abdelbaki Benziane pour l’Algérie n’est pas un fait nouveau. « J’ai préféré mon pays aux offres alléchantes qui m’étaient faites », nous confiait-il, lors d’un entretien, alors qu’il était à la tête de l’école polytechnique Maurice Audin d’Oran.
Dans le gouvernement Djerad II, un autre ministre qui connait bien son métier : Aymen Benabderrahmane, ministre des finances. Il avait eu notamment pour « mission », d’ailleurs accomplie, la préparation de la Loi de Finances 2021, intervenue dans une conjoncture, que même les « experts » redoutaient.
Sur le plan international, la diplomatie algérienne a, elle, aussi retrouvée ses lettres de noblesse, à sa tête un Sabri Boukadoum, infatigable.
La diplomatie algérienne a en effet, marqué sa présence dans les efforts de règlement de nombreux conflits en Afrique, notamment dans la région, comme la Libye, le Mali et le Sahara Occidental, en participant à des sommets internationaux ou en échangeant directement avec les acteurs concernés. Il s’agissait pour l’Algérie de reconquérir la place qui a toujours été la sienne.
L’Homme qu’il faut à la place qu’il faut
On ne peut évoquer le travail remarquable accompli par certains des ministres de l’actuel Gouvernement et faire l’impasse sur l’omniprésence du porte-parole du Gouvernement, ministre de la Communication, Ammar Belhimer.
Ce dernier, faudrait-il le reconnaître, a été l’un des rares ministres à s’exprimer continuellement sur les colonnes de la presse nationale, à la Radio et à la télévision. La presse étrangère a eu, elle aussi sa part. Pr Belhimer, qui veut garder un lien avec le travail académique, a pris part à bon de nombre de soutenances de thèse de doctorat. On l’aura également vu, à chaque réunion du Gouvernement, détaillant les axes abordés. L’on retient aussi le coup magistral, d’Ammar Belhimer, dans sa réponse au Parlement européen critiquant la situation des droits de l’Homme en Algérie.
« Les parties hostiles ont des positions traditionnelles envers l’Algérie. Le Parlement européen doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de ces éléments, c’est pourquoi nous avons démasqué ces parties qui œuvrent contre les intérêts de l’Algérie et divulguent les desseins inavoués de leurs agissements », avait-il dit affirmatif. Ne mâchant pas ses mots, Pr Belhimer a nommément désigné la France derrière ces attaques contre l’Algérie. « Ces agressions empruntent plusieurs canaux : le Parlement européen, les ONG et leurs rares relais médiatiques et politiques locaux ainsi que les réseaux sociaux et leurs +influenceurs+ parisiens », a-t-il précisé.
En cette année 2020, Ammar Belhilmer, a notamment entamé « le grand chantier » des réformes du secteur de la Communication, qui connait « une avancée appréciable ».
Les grands axes portent respectivement sur la garantie du droit à l’information dans un cadre pluraliste, le vide juridique dont souffre le secteur, l’accélération de la transition finale vers la communication numérique, l’activation de la communication institutionnelle, l’extension du réseau de l’information de proximité pour renforcer la démocratie participative, la promotion de la formation et de la qualification, l’amélioration de l’image de l’Algérie à l’étranger, la réglementation de l’activité du sondage d’opinions et, enfin l’aide aux hebdomadaires et publications spécialisées, confrontés à d’énormes problèmes de financement.
En constatant l’urgence de faire cesser « l’anarchie » qui prévalait dans la distribution de la publicité publique, le ministère a, dans ce cadre, élaboré, un cahier des charges contenant « 15 critères transitoires » visant à réguler ce marché, en attendant « l’élaboration en cours d’une loi relative à la publicité ».
Les hommes de « l’ombre »
Dans son entourage direct, le président de la République peut aussi compter sur la discrétion, mais aussi de la confiance de deux hommes, réputés pour leur proximité avec le président Tebboune. Il s’agit notamment de son conseiller Abdelhafid Allahafoum, qui a honoré le nom de sa famille qui compte de grands révolutionnaires, et le SG de la présidence, Mohamed El Amine Messaïd.
Considéré comme l’homme de confiance et bras droit du président de la République, Mohamed Amine Messaïd était le directeur de la campagne électorale du candidat Tebboune.
En août 2017, Mohamed Amine Messaïd occupait le poste le chef de cabinet de Tebboune, alors Premier ministre. Signe d’un soutien infaillible, il préfère remettre le tablier lui aussi, au lendemain du départ de Tebboune de la chefferie du Gouvernement.
Haut cadre de l’État algérien, Messaïd a occupé différents postes de haute responsabilité au sein du ministère des Finances.
R.N.R