France : consulter les sites officiels étrangers pour savoir ce qui se passe à l’Elysée
Retour de manivelle cocasse, la France qui voudrait nous donner des leçons de démocratie et de transparence, se cache pour accueillir et honorer le président égyptien Es-Sissi, en visite officielle du 7 au 8 décembre courant.
Cette visite serait demeurée anodine si les médias français n’avaient dénoncé le fait qu’ils n’aient pas été invités à couvrir l’évènement. Une vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux (voir ci-dessous) démontre que les médias n’ont pas couvert la visite d’Es-Sissi et que, pour savoir ce qui se passait à l’Elysée, ils se sont rabattus sur le site de la … présidence égyptienne.
A sa descente d’avion dimanche passé, le président égyptien a été accueilli par Franck Riester, ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité, il n’y a eu aucune image (ni photos ni vidéos) à l’aéroport. Ni d’ailleurs celles de la cérémonie aux Invalides où la ministre des Armées, Florence Parly l’a reçu en grandes pompes.
Toujours à travers la vidéo, les français ont appris, grâce au site de la présidence égyptienne que Es-Sissi a été reçu à la Mairie de Paris, pour la signature d’un document dont ils ignorent tout. Le présentateur de la vidéo se demande donc pourquoi la Maire de Paris, Anne Hidalgo, n’a pas diffusé les images où elle se trouvait avec le président égyptien à l’hôtel de ville, comme elle a l’habitude de la faire pour la quasi-totalité de ses activités, d’autant plus qu’elle l’a accompagné jusqu’à un ‘mur végétalisé’.
Même le gala organisé en l’honneur du président égyptien n’a ni été annoncé, ni les médias autorisés à le filmer, encore moins, bien sûr. Même l’agenda du président français Emmanuel Macron annonçait que ses activités prendraient fin à 18 h alors que les caméras de la présidence égyptienne l’avaient filmé bien après, en compagnie d’Es-Sissi.
La question s’est posée d’elle-même pour le présentateur, pour tous les français et pour tout le monde : ‘Pourquoi l’Elysée a voulu cacher ces images ?’, s’interroge-t-il.
Même la cérémonie de la remise de la Grand-Croix de la Légion d’Honneur, la plus haute distinction de la France et le plus haut grade qui est remis à tous les chefs d’Etats qui se rendent en France ‘en visite d’Etat’, n’a pas été filmée ni annoncée et les médias ont été, là aussi, obligés de se rabattre sur le site de la présidence égyptienne pour avoir et les images et les informations.
C’est cela une république dont les constantes sont : Liberté, Egalité, Fraternité, où est cette liberté ?
Ils viendront par la suite annoncer à cors et à cris que les médias algériens sont muselés, sont censurés, les journalistes empêchés de faire leur travail, qu’ils sont emprisonnés pour avoir critiqué le gouvernement.
Les français goutent aujourd’hui à la censure, à l’interdiction de filmer des évènements étatiques et sont obligés de se rabattre sur un site d’un pays du tiers-monde pour savoir ce qui se passe chez leurs dirigeants. Y a-t-il plus cocasse ? Et plus malheureux encore ?
Outre cela, nous apprenons que plusieurs ONG ont critiqué cette visite : « On est stupéfait que la France déroule le tapis rouge à un dictateur alors qu’il y a plus de 60 000 détenus d’opinion aujourd’hui en Egypte », a déclaré à l’Agence France-Presse Antoine Madelin, un des responsables de la Fédération internationale des droits humains.
Ainsi, il faudrait que la France se retienne dorénavant de critiquer l’Algérie en matière de liberté de la presse, de même que pour les droits de l’homme qui sont beaucoup plus préservés chez nous que dans nombre d’autres pays dits démocratiques. Un retour de manivelle douloureux après les élucubrations à l’encontre de l’Algérie.
Tahar Mansour