Edito
Liberté à géométrie variable
Par Mohamed Abdoun
Récente sortie du président français, Emanuel Macron, interpelle à plus d’un titre. S’il ne s’était agi, en effet, que de défendre les libertés, toutes les libertés, dans cette patrie qui fait sienne une devise solidement arrimée à ces valeurs qui ne peuvent qu’enchanter des esprits épris de liberté, d’égalité et de fraternité.
N’était la frilosité du gotha politique hexagonal, nous eussions été enclins à applaudit le courage incommensurable d’un chef d’Etat bien résolu à défendre de nobles et belles valeurs.
Or, avant de pousser le raisonnement plus loin, et de rappeler que ces nobles sentiments étaient mis en berne du temps de la colonisation, force nous serait de déduire que les horribles crimes d’Etat français commis en Algérie étaient pensés, planifié, et pleinement assumés.
D’où le constant refus de la France officielle de reconnaitre ces méfaits pleinement établis, et encore moins de s’en repentir. Tourner le dos à ce passage obligé, celui du repentir vrai, revient à assumer tacitement ce genre de monstruosités.
Ces dernières restent, dès lors, d’actualité si d’aventure elles étaient à refaire un jour, qu’à Dieu ne plaise. Preuve en est que l’idée de persister à publier ces dessins attentatoires au prophète (QSSL) trahit au mieux une grande méconnaissance de la communauté musulmane, et au pire un profond et inacceptable mépris envers celle-ci.
Sinon, s’il n’est question, ici, que de défendre des libertés de dire, de dessiner, d’écrire, de rire et de critiquer, comment est-ce que l’humoriste Dieudonné continu-t-il de subir le joug de l’impitoyable machine politico-judiciaire de ce pays où la liberté, il faut bien le dire, n’est pas la même pour tous.
C’est donc, pleinement conscient des risques encourus, que le président français a pris la « liberté » de permettre la publication de ces dessins.
Il le fait à dessein, précipitant une stérile et dommageable confrontation dont chacun aurait pu faire l’économie. Il ne sert à rien de jeter plus d’huile sur le feu. Une pareille attitude est même contre-productive.
Elle représente, au contraire, du pain béni pour tous les radicalisés, nouveaux ou anciens, avec lesquels la France devra composer à son corps défendant.
En clair, la manière forte ne règlera rien. Elle ne fera, au contraire qu’aggraver une situation bien assez préoccupante sans cela.
La avoie de la sagesse doit finir par l’emporter. Faute de quoi, plus personne n’aura de » liberté » dans ses séditieux… Shoa, ou choix, c’est selon.
M.A.