Entretien / Dr Said Ayachi, président du CNASPS : «Le Maroc est sous contrôle total du lobby sioniste»
Entretien réalisé par Mohamed ABDOUN
Dans ce passionnant entretien, Dr Said Ayachi s’exprime à cœur ouvert, fustige l’esprit retord de la Ligue arabe, exprime ses craintes que l’Algérie soit victime d’une provocation maroco-sioniste, mais reste pleinement optimiste quant à l’issue de l’engagement armé intervenue entre l’APLS et l’armée d’occupation marocaine.
Il y fait également de fracassantes révélations sur certains groupes terroristes, la « françafrique, les connexions marocaines avec les criminels écumant le Sahel, mais aussi et surtout la prise de contrôle totale du Maroc, et de ses finances, par le lobby sioniste planétaire. Il y détaille aussi les complots ourdis par ce dernier occupant expansionniste au Maghreb et en Afrique. Cela donne un document passionnant, haletant, et fort instructif. A lire absolument….
La Patrie News : permettez-moi d’attaquer frontalement cet entretien. La cause sahraouie a reçu un coup de massue depuis l’annonce de Trump.
Dr Said Ayachi : Je ne suis pas du tout d’accord avec vous. Ce qui arrive au peuple sahraoui est, au contraire, une excellente chose. Commençons parfaire un point de situation. On en était où ? On a, d’un côté, le Maroc, puissance occupante du Sahara Occidental, qui se permet de faire tout ce qu’il lui plait. Il ne se contente pas de brimer le peuple privé de sa liberté, et d’en piller les ressources naturelles.
Il est arrivé jusqu’à démanteler la MINURSO et défier frontalement le SG de l’ONU. Le tout dans une totale impunité, grâce au soutien de la France, membre permanent du Conseil de sécurité. Le décor est planté.
El Guerguera est un lieu de passage de camions transportant des marchandises sahraouies et marocaines, mais aussi de la drogue, puisque cela est de notoriété publique. Ce lieu de passage se trouve sur une parcelle de territoire sahraouie, couverte par les accords de cessez-le-feu de 1991.
Les Sahraouis ont fini par se rebiffer. Il faut que les gens sachent que l’ALPS était victorieuse au moment de la cessation des hostilités. L’armée royale marocaine était en effet en train de prendre la raclée de son histoire face aux soldats déterminés de l’APLS.
C’est le Maroc qui a demandé le cessez-le-feu. Les Sahraouis ont dit oui parce que c’est un peuple pacifique et noble.
Le Maroc était pleinement en accord avec la tenue d’un référendum d’autodétermination. D’où l’appellation-même de la MINURSO. Ce référendum était supposé se tenir dès 1992.
Le Makhzen et le palais royal sont connus pour leurs manœuvres dilatoires. Rappelez même qu’à cette époque l’Algérie était à feu et à sang. Hassan II avait parié sur le pire, allant même jusqu’à accorder aide et assistance aux sanguinaires du GIA.
L’Algérie est restée debout. Mais, pendant ce temps très long, le peuple sahraoui attend toujours son référendum.
En 1997, il s’est produit une anecdote que les gens ignorent sans doute. Le roi de l’époque avait envoyé à la MINURSO une liste de 63.000 Marocains présentés comme sahraouis. Même les gens illégalement inscrits sur cette liste ont assuré vouloir voter pour l’indépendance du Sahara Occidental.
Le roi marocain a fini par se rétracter ce qui a donné lieu à plusieurs années de vacuité de la MINURSO. James Baker, en dépit des louvoiements marocains, a réussi à mettre en place un plan qui, pour le moment, reste la meilleure solution à ce conflit.
Ce plan consiste n cinq ans d’autonomie, avec un référendum d’autodétermination au bout de cette période. Le refus marocain de signer les accords, déjà prêts et mis sur la table, avait mis Baker, l’envoyé spécial du SG de l’ONU dans une colère folle.
La nature sournoise et pernicieuse des dirigeants marocains est légendaire, et connue de tous. Cette perte de temps n’a pas empêché l’ONU eu la quatrième commission des Nations-Unies de réitérer chaque année le droit du peuple sahraoui à son autodétermination.
Certaines de ces résolutions parlaient carrément d’indépendance. Le dossier du Sahara Occidental est enregistré au niveau des Nations-Unies est enregistré en tant que question de décolonisation.
La résolution 15-14, née de la révolution algérienne, reconnait à tous les peuples colonisés le droit de décider librement et souverainement de leur destin par voie référendaire.
S’agissant du Sahara Occidental, les choses sont on ne peut plus claires. 49 ONG et gouvernements, dont la fondation Kennedy ont établi de graves dépassements des droits de l’Homme au Sahara Occidental.
Face à ce constat accablant, c’est le gouvernement américain qui a fini par proposer au conseil de sécurité l’élargissement de cette question au mandat de la MINURSO. Or, c’est la France, supposée patrie des droits et des libertés, qui s’y est opposée en 2017.
Une initiative populaire a fini par se faire, pour bloquer la brèche d’El Guerguerat. Le Maroc a violé le cessez-le-feu, et a réprimé les civils sahraouis. L’armée sahraouie a répliqué en toute légitimité. Leur attente de 29 longues années n’avait que trop duré. Surtout qu’ils étaient les vainqueurs sur le plan militaire.
Et pourquoi ces consulats ouverts dans les territoires occupés.
Il est clair que le Maroc cherchait à légitimer sa présence au Sahara Occidental. Ce sont des pseudos consulats qui ne servent à rien. D’ailleurs, ils restent inoccupés. Jusque-là. Avant le décret scélérat de Trump, aucun pays au monde ne reconnaissait cette prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. C’est également le cas pour la France d’ailleurs.
Avec ça, il y a eu la normalisation avec l’entité sioniste. Or, souvenez-vous que la trahison marocaine contre la cause arabe et palestinienne avait commencé dès 1967. Cela, sans parler de cette importante communauté juive qui existe au Maroc.
La décision de Trump est un véritable coup de force contre le Conseil de sécurité de l’ONU. La décision de Trump est un poison, une atteinte inqualifiable au droit international.
Beaucoup de ténors de la politique américaine ont dénoncé cet inqualifiable décret. Ce n’est pas fini l’autodétermination du peuple sahraoui reste de mise plus que jamais.
Le Maroc refus, pourtant, d’entendre parler, de référendum. Pour lui, il n’u a plus que l’autonomie qui compte.
Les juristes des Nations-Unies ont tout prévu, fort heureusement. Il est impératif de se conformer à l’ensemble des résolutions adoptées par le conseil de sécurité de l’ONU. Après l’article 6, il faut passer à l’article 7, à savoir des décisions contraignantes, pour obliger les récalcitrants à se conformer au droit international.
Mais, sans l’accord des membres permanents du Conseil de sécurité, dont la France, l’application de cet article devient impossible.
C’est la question que je me suis toujours posée. Pourquoi est-ce qu’il n’y a jamais eu de résolutions contraignantes contre le Maroc, qu’elles soient économiques, ou carrément militaires ?
Face au blocage de la France, nous continuons d’adopter des résolutions sans conséquences sur le Maroc. Il n’est pas possible de prendre des résolutions qui ne se concrétisent pas sur le terrain.
Et si le retour au conflit armé était la solution idoine, puisque cette question revient sur les agendas des décideurs internationaux…
Le Maroc, avec l’aide du puissant lobby sioniste a travaillé, et a beaucoup fait pour que ce dossier ne revienne pas. Tout a été fait pour faire accroire qu’il s’agirait d’un conflit de basse intensité.
Nous avons toujours combattu pour briser et embargo médiatique, politique et diplomatique. Il a fallu e rendre compte que les attentats de Marrakech n’avaient rien à voir avec ça. Hassan II nous considéraient, nous les Algériens, comme ennemis.
Le consul marocain à Oran a confirmé le même constat. De pareils dérapages verbaux cherchent une confrontation directe avec notre pays.
Se réapproprier le dossier implique la neutralisation des pays de la Françafrique que sont la Côte-d’Ivoire et e Gabon.
La France est très présente au sein de l’Union Africaine. Elle œuvre à dynamiter le travail de l’UA concernant ce dossier, mais aussi beaucoup d’autres. Les manœuvres sont permanentes de la part du Maroc et de ses soutiens. La vigilance existe, même si nous manquons de moyens au sein de notre continent.
Faut-il aller jusqu’à exclure le Maroc au sein de l’UA, puisqu’il n’en respecte pas les statuts ?
Il est clair que le Maroc doit impérativement et officiellement interpellé, afin que son dossier soit instruit avec rigueur et objectivité. L’entrée du Maroc au sein de l’UA n’est pas du tout innocente.
A mon avis, il recherche l’un ou l’autre de ces deux objectifs : soit exclure la RASD, ce qui est totalement exclu, ou à défaut, créer des turbulences pour gêner les actions u sein de cette union.
D’où, d’ailleurs, ces risibles histoires de consulats ouverts au niveau du Sahara Occidental. Les présidents de certains pays qui l’ont fait s’assoient aux côtés du président de la RASD. Vous voyez ces imbroglios que crée le Maroc à travers ses actions de parasitage et de dynamitage.
Il y a du Kafka dans ces actions. Mais, ainsi est fait le régime marocain et le Makhzen. Ils distillent un poison à l’intérieur de l’UA.
Je reste sur mon idée. Le retour de cette question à l’UA peut-il enfin faire bouger les choses ?
Les statuts fondateurs de l’union africaine se basent contre le colonialisme. La RASD est membre fondateur. Ses membres sont d’essence révolutionnaire. Et, donc, foncièrement, anticolonialiste.
Très souvent, il y a e des tentatives contre la RASD. Aucun sommet ne peut se tenir sans la présence du président sahraoui.
Toutes les tentatives de la France, avec ses alliés classiques ont échoué. Le discours de notre ministre des Affaires étrangères a fait mieux qu’interpeller les membres de l’UA. Il les a responsabilisés. Respect des frontières et de l’autodétermination
Sur le terrain, quels sont les échos qui vous parviennent ?
Ils sont tout simplement excellents. Les Sahraouis avaient taillé des croupières aux soldats de l’armée marocain en 199.
La même chose se répète à présent. Nous sommes en phase de harcèlement des positions de l’armée royale. Vous remarquerez que le Maroc impose un black-out total à la circulation de l’information.
On a appris, qu’il a été formellement interdit aux familles endeuillées de faire état de leurs décès.
Ce constat est normal. Face à l’armée sahraouie, déterminée, et se trouvant dans son bon droit, il y a une armée marocaine, démoralisée, et dirigée par officiers supérieurs corrompus et qui s’adonnent au trafic de drogue.
Après ces opérations de harcèlement, viendra l’engagement à proprement parler. C’est à ce prix que le Maroc finira par comprendre que sa présence au Sahara Occidental lui coûte bien trop cher.
L’effet boumerang fait que sa présence au Maroc se répercute gravement sur sa situation intérieure.
J’en profite pour parler des manifs qui se déroulent au Maroc à cause de l’annonce de sa normalisation avec l’entité sioniste. Il paie très cher, et au comptant le cadeau que lui a fait Trump.
Le peuple marocain, contrairement à ses dirigeants, est profondément attaché à la cause palestinienne. C’est ce constat qui explique que les relations entre le Maroc et l’entité sioniste étaient honteuses, quasi incestueuses. Cette officialisation aura donc forcément un impact très fort sur la population marocaine.
Cela, même si tout a été fait pour amortir ce choc. Avec ça, je fais partie de ceux qui avaient espéré une réaction musclée de la part de classe politique marocaine. Or, il semble que la lâcheté de ces derniers n’a plus de limite.
Et qu’en est-il des conseillers très spéciaux u palais royal, à commencer par André et Audre Azoulay ?
Depuis longtemps, le Maroc a cessé d’appartenir aux Marocains. Le peuple marocain frère n’est hélas plus maitre de son destin.
La France s’est installée dans ce royaume en 1912 à la demande du sultan marocain, pour protéger la famille royale des révolutionnaires du Rif.
La France, depuis cette date, n’a jamais quitté le Maroc. Le fameux réseau « françafrique est perpétué avec l’aide active du Maroc. Celui-ci est géré par ces juifs marocains bien connus, à l’image de Hammouchi, Mansouri, El Himma… le vrai patron du Maroc n’est autre q’Azoulay. Ce dernier gère tout.
Y compris la cassette du roi. Or, bon sang ne saurait mentir. Azoulay obéit aux ordres que lui transmet le lobby sioniste. Je ne pense pas révéler un quelconque secret en disant que le lobby sioniste se trouve derrière les terribles évènements de Ghardaïa.
A votre avis, que faudrait-il faire pour amener la Ligue arabe à revoir son attitude vis-à-vis de cette question. Ou, à défaut, n’est-il pas temps de quitter cette ligue ?
Je ne crois pas que cette ligue fera un jour quelque chose de positif. Je vous demande de me citer une seule action à mettre à l’actif de la Ligue arabe.
Il n’y en a pas. Pire que ça. Elle a été même complice du démantèlement de certains pays arabes, comme la Syrie, le Yémen et la Libye. Elle a été complice des attaques subies par l’Algérie.
Quitter la Ligue arabe serait une action diplomatique forte. A défaut, l’ignorer reste pour le moment la meilleure chose à faire. Cette ligue ne sert plus qu’à créer des postes budgétaires grassement payés pour les hauts fonctionnaires égyptiens.
L’entité sioniste est à nos portes via l’annonce de cette normalisation. Quelles conséquences sur l’Algérie ?
L’armée israélienne, déjà présente au Maroc, va s’installer en Arabie Saoudite et aux Emirats. Des pilotes israéliens sont déjà présents à Dahran, et au Qatar. Le groupe terroriste dénommé MUJAO (mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest) est une création maroco-sioniste.
Les opérations djihadistes menées au Sahel sont d’inspiration sioniste, avec le concours de mercenaires payés et armés par l’argent de la drogue marocaine.
L’Algérie est visée parce que c’est le seul pays qui n’a pas mis genou à terre, et qui refuse toujours de reconnaitre l’entité sioniste. Si les sionistes sont présents partout en Afrique pour des raisons économiques et stratégique, une étude sioniste dit que les pays à soumettre absolument sont la Libye, l’Algérie et l’Afrique du Sud.
Ce qu’il faut craindre, c’est un incident incontrôlable à nos frontières. Israël peut être à l’origine de cette éventuelle provocation, en laissant les Algériens et les Marocains se battre entre eux, ce qui arrangerait grandement ses affaires.