Charniers découverts en RD du Congo : les enquêteurs espèrent «rendre justice» aux victimes
Une équipe d’assistance médico-légale du Haut-commissariat des droits de l’homme (HCDH) de l’ONU a obtenu un mandat pour enquêter sur des massacres commis en République démocratique du Congo en 2017, après la découverte de prétendus charniers à Nganza, dans la région du Kasaï, a indiqué lundi, le HCDH sur son site web.
« En mars 2017, le Conseil des droits de l’homme a exprimé ses préoccupations concernant la crise des droits de l’homme dans le Grand Kasaï et la nécessité de traduire en justice les auteurs de graves violations des droits de l’homme », a rappelé l’agence onusienne.
Les violations commises dans la région « « comprenaient des massacres de civils qui ont été enterrés dans de nombreuses fosses communes documentées par l’ONU – au moins 80, pour lesquelles il y a eu peu de comptes à rendre et qui ont entraîné des déplacements massifs de population » a ajouté cette source.
«Nous avons déjà participé à deux missions ici. La première équipe médico-légale est venue ici pour prélever des échantillons de sang. A cette époque, c’était encore assez frais », a déclaré Achille Tiem, coordinateur de l’équipe d’assistance technique cité dans le communiqué.
« L’équipe avait soupçonné que le «Tshiota» (une maison d’initiation rituelle traditionnelle) avait été utilisé comme lieu de détention et d’exécution sommaire, mais elle n’avait pas poussé ses investigations plus loin. Cependant, le procureur militaire a voulu revenir pour corroborer les allégations des rapatriés qui avaient fui vers l’Angola voisin lors des massacres » a-t-on expliqué.
Le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme (UNJHRO) en RDC a fait état de « graves exactions » commises par la milice Kamuina Nsapu dans le contexte de la rébellion, ainsi que de graves violations des droits de l’homme par des agents de l’Etat, principalement des soldats des FARDC, lors d’opérations contre la milice.
Depuis août 2016, le conflit a fait des milliers de victimes, dont deux experts de l’ONU qui ont été sommairement exécutés au Kasaï Central alors qu’ils enquêtaient sur les violations en mars 2017, a-t-on déploré.
«Lors de nos précédentes missions, nous avons découvert des ossements non loin du « Tshiota », mais nous ne pouvons conclure avant d’enquêter qu’il s’agit de charniers ou de personnes qui ont été tuées pendant la période des violences puisque la ville a été complètement vidée de ses habitants», a précisé Tiem.
«Ce que nous devons faire, c’est essayer d’explorer et de découvrir s’il y a des restes car, en fait, il ne s’agit pas d’un lieu de sépulture mais plutôt d’une fosse commune, un endroit où les corps ont été éliminés», a-t-il ajouté.
Depuis février 2020, il a été exploré au moins sept sites à Nganza et y a été identifié 13 charniers présumés. On estime que 789 personnes ont été enterrées dans ces fosses communes, qui auraient été tuées par les forces de sécurité pendant cinq jours de violence en mars 2017, a compté l’équipe d’assistance.
«Nous espérons que le travail médico-légal fournira les preuves dont les autorités ont besoin pour les enquêtes qu’elles mènent ici », a-t-elle souligné.
Ab. M.