Brahim Douaouda, surveillant dans un collège en France : Victime d’une ratonnade juridico-professionnelle
Racisme et xénophobie vont crescendo en France. En témoignent la fameuse tribune militaire appelant quasi-franchement les étrangers, les musulmans et les bicots du territoire métropolitain, et de l’entretien accordé la veille au magazine de droite Le Point par Jean-Marie Le Pen, venu ostensiblement verser dans la surenchère et la provocation. Sans jeu de mot aucun, l’affaire Brahim Douaouda est un véritable cas d’école : il est (ou plutôt était) surveillant dans un collège à Roubaix.
L’affaire n’est sans doute pas un cas isolé. Elle lace d’autant plus le sang de ceux qui en prennent connaissance. En cause : ses prises de position politiques, exprimées auprès d’un professeur de l’établissement et sur son compte Facebook, et son engagement syndical. Tout commence fin novembre 2020.
Brahim encadre le devoir d’un élève exclu de cours et engage la conversation avec un professeur d’histoire-géographie à propos d’un devoir sur l’esclavage. Face à lui, le professeur estime que le surveillant a contesté son autorité devant l’élève. Le soir même, Brahim relate l’incident sur Facebook, sans mentionner ni le nom du collège ni celui du professeur. « Et vous, vous en pensez quoi ? » demande-t-il à ses abonnés et amis. « L’histoire aurait pu se terminer par un simple rappel à l’ordre », regrette aujourd’hui le surveillant de 37 ans.
Mais, dès les jours suivants, elle prend une ampleur inattendue. Rapidement mis à pied, il sera finalement licencié, pour faute grave, le 2 avril. Au fil des procédures, il apprend que l’établissement a fait « part de ses doutes sur une possible radicalisation » auprès du rectorat. Une machine kafkaïenne entreprend alors de le broyer systématiquement, pour la simple raison qu’il s’appelle Brahim, qu’il est algérien, et qu’il est musulman bien sûr. Cette machination sordide débouchera même sur une visite de la police hexagonale.
Le contexte a pu participer à ce que l’affaire prenne de telles proportions, analyse. Mais aucun élément ne laisse apparaître que l’assistant d’éducation aurait pu s’en prendre physiquement au professeur. Malgré les approximations, le rectorat se montre réceptif aux arguments transmis dans le signalement, puisque, un mois plus tard, des policiers du Renseignement territorial contactent Brahim Douaouda.
Chez lui, ils sont étonnés par la présence d’un piano : inattendu pour un supposé djihadiste… « Ils m’ont posé des questions un peu gênantes sur mes pratiques alimentaires, sur les mosquées que je fréquente et ma pratique de l’islam. J’ai répondu à tout et ils m’ont fait comprendre que je ne les intéressais pas », se confie Brahim sur des médias hexagonaux de gauche.
Ce règlement de compte aurait-il pris une autre forme si Brahim avait porté un autre nom ou s’il avait été blanc ? « Ça aurait été totalement différent, affirme l’intéressé en faisant le lien avec le climat politique actuel. Macron ferait mieux d’y aller piano-piano (avec jeu de mot là encore, s’il ne veut pas griller le peu de vaisseaux encore capable de lui garantir un second mandat présidentiel…
Ali Oussi