Aziz Chahir, docteur en sciences politiques et enseignant à l’université de Rabat : « Les raisons de la répression au nord du Maroc… »
L’enseignant universitaire et chercheur Aziz Chahir, en scientifique aguerri a autopsié les raisons profondes qui poussent le Makhzen, et ses supplétifs sécuritaires, à se livrer à une farouche répression de ses sujets, principalement dans le nord du royaume chérifien. Pour ce chercheur, la date u 20 février rappelle celle de la naissance de ce hirak rifain qui avait fait chanceler le trône du roi Mohamed VI.
D’où la furieuse répression des hommes, des femmes et même des enfants des manifestants qui avaient osé sortir dans la rue à Medieq, dans le nord du pays, et la célérité mise à justifier un pareil déferlement de violence et de sauvagerie fac à des citoyens désarmés et sans défense.
Pourtant, explique ce scientifique, « Ces manifestants désabusés sont les représentants d’une population démunie qui subit jusqu’à maintenant en silence la décision des autorités marocaines de fermer, en octobre 2019, pour la première fois, Bab Sebta, un des deux points de passage frontaliers qui séparent les enclaves espagnoles du Maroc (Rabat ne reconnaissant pas la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla) ».
La fermeture des frontières, en outres, aurait généré un manque à gagner de l’ordre de 1,8 milliards d’euros. Ceci expliquant cela, on comprend mieux pourquoi l’armée marocaine a rompu le cessez-le-feu avec l’APLS à El Guerguerat.
Il s’agit de permettre aux gros camions où le roi Mohamed VI ainsi que plusieurs officiers supérieurs des FAR détiennent des intérêts directs, et où l’on peut trouver des quantités phénoménales de drogue ».
Mohamed V, désormais dos au mur, a entamé une pathétique fuite en avant qui a définitivement fini par lui faire choisir la politique du pire. « Malgré les multiples mouvements de grève de la faim observés par de nombreux détenus, le régime refuse toujours de les gracier, préférant à la place la politique de la fermeté et de l’inflexibilité, qui pourrait s’avérer à terme une stratégie à haut risque, comme en témoigne ainsi la vague de solidarité qui ne cesse de s’accroître en faveur des détenus du hirak .
La politique du « tout sécuritaire » adoptée par le régime de Mohammed VI pourrait déboucher inéluctablement sur une implosion sociale avec en soubassements des revendications politiques, voire identitaires, de plus en plus extrémistes et violentes ».
L’implosion du royaume, qui n’est pas une simple vue de l’esprit, est causée, mais aussi aggravée, par la politique aventureuse, et carrément revancharde de Mohamed VI à l’encontre de son propre peuple . »Car ce sont là justement les germes insidieux d’un séparatisme politique qui ne dit pas son nom.
C’est pourquoi le régime est plus que jamais appelé à sortir de son tropisme en mettant un terme à cette chape de plomb qui empêche la classe politique de sortir, elle aussi, de son omerta pour daigner proposer de véritables alternatives à une politique sécuritaire qui n’a d’ailleurs jamais répondu aux revendications des populations. Le chercheur finit même par enfoncer le clou en parlant de politique de bricolage, ce qui n’est franchement pas peu dire.
Ali Oussi