Assassinait de Rafik Hariri : le TS Libanais se prononce…enfin
Il aura fallu quinze longues années pour que la lumière soit enfin faite, sur l’un des plus énigmatiques assassinats du 20ème siècle, celui de l’ancien Premier ministre libanais, Rafik Hariri.
Le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) a en effet, reconnu coupable ce mardi 18 août Salim Ayyash, membre présumé du Hezbollah, au bout de six ans de procès. Le TSL, basé aux Pays-Bas, avait reporté la lecture du verdict, initialement prévue le 7 août, « par respect pour les innombrables victimes » de l’explosion dévastatrice trois jours plus tôt au port de la capitale libanaise, qui a fait au moins 177 morts et plus de 6 500 blessés.
«La chambre de première instance déclare Salim Ayyash coupable au-delà de tout doute raisonnable en tant que coauteur de l’homicide intentionnel de Rafic Hariri», a déclaré le juge président David Re, cité par le Figaro.
Quant aux trois autres suspects, ils ont été acquittés. « La Chambre de première instance déclare Hassan Merhi, Hussein Oneissi et Assad Sabra non coupables de tous les chefs d’inculpation retenus contre eux », a déclaré le juge président David Re, note-t-on de même source.
Jugés par contumace, les 4 hommes, présumés proches du Hezbollah, n’ont jamais été arrêtés par les autorités. Lors de l’audience, le tribunal a par ailleurs indiqué qu’il n’y avait pas de preuves que des dirigeants du mouvement chiite étaient impliqués dans l’attentat. «Si nos frères sont condamnés injustement, comme nous nous y attendons, nous resterons attachés à leur innocence », avait de son côté indiqué vendredi dernier le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah.
Hariri, le « JFK »libanais
L’attentat spectaculaire contre l’ancien premier ministre Rafic Hariri est, pour de nombreux Libanais, ce que l’assassinat de Kennedy était pour les Américains : chacun se souvient de ce qu’il faisait en ce 14 février 2005. Le multimilliardaire sunnite, qui incarnait l’ère de la reconstruction au sortir de la guerre civile (1975-1990), avait été tué par une camionnette bourrée d’explosifs lancée contre son convoi blindé.
La déflagration avait provoqué des flammes hautes de plusieurs mètres, soufflant les vitres des bâtiments dans un rayon d’un demi-kilomètre. Au volant d’une fourgonnette blanche chargée de deux tonnes d’explosifs, le kamikaze s’était stratégiquement garé pour attendre le convoi, qui venait de quitter le Parlement pour se rendre à la résidence privée des Hariri.
À 12h55, la bombe explose, une seconde après le passage du troisième véhicule, une Mercedes S600 que Rafic Hariri conduisait lui-même. Tout Beyrouth a alors entendu ou ressenti l’explosion, qui a laissé un cratère d’au moins dix mètres de diamètre et de deux mètres de profondeur. Beaucoup ont cru à un séisme.
Mais la nouvelle tombe: l’ex-Premier ministre, passé dans l’opposition en 2004, fait partie des 22 morts causés par l’attaque, qui fait aussi 226 blessés. Une des dépouilles ne sera retrouvée que 17 jours après le drame…
F.H