Accusé de négocier secrètement comme un « rat » : RSF stigmatisé par des journalistes en France
Le projet de loi sur la sécurité globale risque d’être la goutte qui fera déborder le vase faire imploser et déshabiller sur la place publique l’ONG RSF (reporters sans frontières). Celle-ci, avec plusieurs fils à la patte, a déjà maintes fois eu maille à partir avec notre pays à cause de ses rapports « orientés » et sulfureux.
Les choses sont désormais allées tellement loin que RSF a menacé de recourir à la justice contre les graves accusations lancées contre lui par plusieurs journalistes dont la crédibilité n’est pas du tout à mettre en doute. “RSF répondra par les moyens juridiques qui s’imposent !” La menace a le mérite d’être claire.
Mercredi 25 novembre, le compte Twitter de Reporters Sans Frontières (RSF), a décidé de riposter à plusieurs journalistes qui critiquaient la position de l’ONG vis-à-vis de la PPL Sécurité globale, dont le fameux article 24. Des critiques émises en termes parfois vifs, comme ceux de Gaspard Glanz, journaliste pour Taranis News, qui accuse RSF de “négocier en rat avec [Jean] Castex, contre la Coordination des journalistes, pour apparaître en sauveurs !” Taha Bouhafs, quant à lui, avait notamment estimé que “RSF fait partie intégrante du pouvoir en place”.
Ces tweets ont provoqué la colère de RSF qui n’a pas tardé à répondre en brandissant, donc, la menace d’une action en justice : “RSF répondra par les moyens juridiques qui s’imposent aux menaces, insultes et propos diffamatoires proférés par Gaspard Glanz et aux allégations mensongères et accusations aberrantes colportées par Taha Bouhafs.” À quoi font référence les accusations de Glanz et Bouhafs ? Le 23 novembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin recevait une délégation de la Coordination contre la PPL Sécurité globale, comprenant des organisations et syndicats de journalistes, profession vent debout contre la proposition de loi, et des organisations de défense des droits humains comme la LDH.
La délégation était composée de journalistes (Taha Bouhafs et David Dufresne notamment, ce dernier représentant la Société des réalisateurs de films), de représentants du Syndicat national des journalistes (SNJ), de l’avocat Arié Alimi et de représentants des sociétés des journalistes du Figaro et de France Télévisions notamment. Était également présent le père de Cédric Chouviat, mort lors d’un contrôle de police le 3 janvier 2020.
Une réunion à laquelle n’était pas convié RSF, ONG dont Christophe Deloire, ex-journaliste au Point, est secrétaire général depuis 2012. Pourtant, selon un participant à la réunion, Deloire s’est bien présenté Place Beauvau : “Nous étions devant les grilles du ministère pour entrer, quand on voit Christophe Deloire arriver.
Nous avons dû lui expliquer que nous ne souhaitions pas participer à ce rendez-vous avec lui, et qu’il n’y aurait pas de réunion s’il était présent.
” Une version que confirme Deloire, qui assure toutefois n’avoir pas été prévenu qu’il n’était plus le bienvenu au rendez-vous avec le ministre, alors que RSF y avait été initialement convié : “J’y suis allé parce que je n’avais pas été décommandé. Et je suis tombé sur la délégation, qui m’a dit que je n’étais plus invité. J’ai décidé que les conditions n’étaient pas réunies, donc je suis parti de moi-même.
” La réunion a finalement tourné court puisque la délégation de la Coordination a décidé de quitter la table des négociations face au refus de Gérald Darmanin d’abandonner l’article 24 de la PPL.
Jeudi 26 novembre, une nouvelle réunion était par ailleurs prévue, cette fois avec le Premier ministre Jean Castex. Étaient invités RSF, des syndicats de journalistes membres de la Coordination et Jérôme Bouvier, directeur de l’association Journalisme & Citoyenneté. Aucune des sociétés de journalistes, qui ont massivement pris position contre la PPL, n’était conviée à ce rendez-vous. Plus d’une trentaine de SDJ ont d’ailleurs publié une lettre ouverte à Jean Castex demandant “le retrait de l’article 24, ainsi que des articles 21 et 22, du projet de loi « pour une sécurité globale », un texte dont la SDJ d’Arrêt sur Images est signataire. Finalement, la rencontre n’aura pas lieu pour tout le monde.
Les syndicats de journalistes ont en effet décidé de se retirer pour protester contre l’interdiction de la manifestation prévue le 28 novembre à Paris et partout en France (manifestation maintenue malgré tout par ses organisateurs).
Christophe Deloire nous a assuré qu’il continuait de “préparer le rendez-vous avec Jean Castex” auquel il s’est finalement rendu le 26 septembre. À la sortie de cette réunion, le secrétaire général de RSF a expliqué sur Twitter n’avoir “pas obtenu (pour l’instant) la suppression de l’article 24 de la PPL Sécurité globale”, tout en obtenant la création “prochaine d’une commission indépendante pour statuer sur cet article.”
Au centre de cette virulente polémique, RSF risque d’y laisser des plumes, et de ne pas en sortir indemne…
Rafik B